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Sexe sur la plage et conduite sans permis: Bali en a ras-le-bol des touristes

Temps de lecture : 2 min

Les autorités locales commencent seulement à prendre le problème à bras-le-corps.

Les touristes occidentaux confondent trop souvent Bali et Disneyland. | Calvin Shelwell via Unsplash
Les touristes occidentaux confondent trop souvent Bali et Disneyland. | Calvin Shelwell via Unsplash

«Parfois les étrangers ne comprennent pas tout à fait que Bali est, à l'heure actuelle, toujours un endroit où des gens vivent. Ils voient juste ça comme un Disneyland qui n'existe que pour leur amusement et leur plaisir.» C'est le constat dressé par Ravinjay Kuckreja, doctorant indonésien en culture balinaise, interrogé par Vice à propos du comportement des touristes sur cette île.

«Bali a toujours été vu comme le dernier paradis sur Terre», explique-t-il, ajoutant également à quel point la population locale est «sympathique et hospitalière». Cet état de fait, les visiteurs occidentaux le traduisent à leur guise, en se disant que l'île est donc le lieu de tous les possibles, et en se comportant donc n'importe comment lors de leur séjour.

Les lois et la culture de Bali sont ainsi piétinées de façon éhontée par des touristes qui considèrent que leurs comportements sont appropriés et sans risque. Le mépris des habitants de l'île et de leur mode de vie est total. Ainsi, début mars, une douzaine de touristes a déposé plainte contre un Balinais vivant dans la propriété voisine de leur location, au motif que son coq était trop bruyant le matin.

La demande a rapidement rejetée par les autorités, qui prennent heureusement fait et cause pour la population de l'île indonésienne. Il a même été signifié à ces touristes qu'en cas de nouvelle plainte du même ordre, ils seraient reconduits manu militari à la frontière. I Wayan Koster, le gouverneur de Bali, a ensuite enfoncé le clou en déclarant qu'il encourageait la population de l'île à élever davantage de coqs.

Commerces clandestins et sexe sur la plage

Les problèmes sont divers et variés, avec différents niveau de gravité. Nombreux sont les commerces clandestins ouverts par des étrangers, qui souhaitent ainsi prolonger leur séjour, voire se donner la possibilité de s'installer définitivement, sans demander la moindre autorisation –les Russes sont les champions actuels, cherchant à refaire leur vie après avoir quitté leur pays. Dans une zone vivant avant tout du tourisme, et ayant perdu énormément de ressources après l'irruption du Covid-19, la population balinaise souffre aussi de ce genre de comportement.

Le sans-gêne des touristes fait également l'objet de signalements réguliers, avec un manque de respect total à l'égard des sites religieux –où certains se présentent dans des tenues de plages très dénudées– et une tendance à l'exhibition, comme si les règles de pudeur n'existaient pas –avoir un rapport sexuel sur une plage publique lorsqu'elle n'est pas déserte, c'est vraiment se moquer de la bienséance.

Les conduites dangereuses sont également légion, avec un irrespect total du code de la route, Là aussi, beaucoup se comportent comme si Bali était un simple parc d'attractions: on se permet régulièrement d'y conduire sans permis.

Les autorités locales semblent en difficulté face à ce genre d'attitude, ce que Ravinjay Kuckreja analyse en ces termes: «Le gouvernement ne montre pas assez sa présence, ce qui donne à ces pratiques la possibilité de se poursuivre. Cela donne l'impression que nos lois sont inefficaces.»

Serrer la vis

Faudrait-il faire preuve de plus d'autorité, quitte à faire fuir définitivement une partie des touristes indélicats? C'est en tout cas la tournure que prennent actuellement les événements, les dirigeants de l'île étant enfin déterminés à ne plus laisser tout cela passer. Des signalétiques ont été installées pour rappeler chacun à ses devoirs, et des arrestations ont été réalisées.

Vice note que 171 touristes ont été emmenés au poste de police en l'espace d'une semaine, rien que pour des questions liées au code de la route. Il est même question de passer à la vitesse supérieure, le gouverneur Koster envisageant désormais d'interdire la location de deux-roues motorisés aux touristes.

L'île peut réellement se permettre de serrer la vis à ses visiteurs: le nombre de touristes qu'elle accueille est en train de remonter en flèche, après un évident creux subi en 2020-2021. 2,3 millions de personnes ont visité Bali en 2022, et le chiffre pourrait être de 4,5 millions en 2023. Les indélicats n'auront qu'à se trouver un autre paradis à saccager.

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