En ce qui concerne le domaine de la psychologie, ce ne sont pas les études qui manquent. Quotidiennement, de nombreux chercheurs se démènent pour la science. Mais dans quelle mesure peut-on réellement s'appuyer sur les enquêtes qui sont menées? The Conversation révèle que leurs résultats seraient potentiellement faussés.
Les études de psychologie font généralement appel à des participants qui donnent de leur temps pour prendre part à des expériences ou remplir des questionnaires. Si certains y participent motivés par la rémunération qui est à la clé, d'autres n'ont visiblement pas de raison apparente. Et pourtant, selon une nouvelle hypothèse d'une équipe de chercheurs polonais, il y en aurait bien une: ce volontariat pourrait être perçu comme un substitut bon marché à une aide professionnelle. Certains individus seraient ainsi à la recherche d'une assistance, voire du diagnostic d'un trouble de la santé mentale.
À cette fin, l'équipe a cherché à savoir si les participants des études de psychologie étaient plus susceptibles de souffrir d'un trouble de la personnalité, de dépression ou d'anxiété. Pour cela, la psychologue Izabela Kaźmierczak et ses collègues de l'université Maria Grzegorzewska de Varsovie ont mené plusieurs études, impliquant pas moins de 947 volontaires, dont 62% de femmes. Certains avaient déjà participé à des études de psychologie, d'autres n'y avaient jamais pris part.
Les participants se sont auto-évalués, à l'aide d'un questionnaire basé sur les critères du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), pour chacun des douze troubles proposés. Le test consistait à répondre par oui ou par non à 119 questions. Les chercheurs ont ensuite évalué chaque trouble sur la base du nombre de réponses affirmatives, qui ont ensuite été dichotomisées en fonction des protocoles de découpage du DSM.
Les résultats ont été sans appel: les participants qui avaient déjà pris part à des études présentaient des symptômes d'un trouble de la personnalité, de dépression ou d'anxiété. «Ces enquêtes sont un lieu où ils peuvent exprimer leur traumatisme, donc ils sont tentés de postuler», justifient les chercheurs.
Des résultats faussés
Cette nouvelle étude a permis de déceler un problème d'autosélection inquiétant. Étant donné que les participants à un questionnaire choisissent ceux auxquels ils souhaitent prendre part, les résultats peuvent être indûment influencés par un profil particulier de volontaires. La conclusion de l'étude en question se retrouve donc biaisée.
«Nous ne pouvons toutefois pas contrôler les personnes qui donnent de leur temps pour participer à nos enquêtes. Fournir des instructions sur les affiches de recrutement spécifiant “Les individus présentant des symptômes de troubles de la personnalité ne doivent pas postuler” fausserait également les résultats. C'est à nous d'être plus prudent lors de notre sélection, et de mener des recherches avec un panel suffisamment conséquent», affirment les auteurs de l'étude.
Autre problème mis en lumière par l'étude polonaise: la recherche en psychologie est principalement menée par des universitaires, qui utilisent pour principal échantillon des étudiants. Il convient donc de se demander comment des observations menées sur un panel dont l'âge varie essentiellement entre 18 et 24 ans peuvent aboutir à des résultats s'appliquant à une population entière. Mais chaque chose en son temps.