Prisée des administrations et services clients pour faire patienter ceux qui tentent de les joindre, ou encore réputée excellente pour la concentration, la musique classique serait a priori un bon moyen de se détendre. Pourtant, le Los Angeles Daily News révèle qu'elle a parfois un usage bien moins sympathique.
Certaines enseignes en diffusent pour créer une ambiance agréable dans leurs boutiques et pousser les consommateurs à l'achat. Chez d'autres, c'est également un moyen de rendre les «mauvais» clients mal à l'aise et ainsi les inviter à sortir. La ligne de métro Westlake/MacArthur de Los Angeles expérimente quant à elle la diffusion de musique classique à haut volume dans ses stations, pour faire fuir les sans-abri qui y trouvent refuge.
Le but: inciter les usagers à reprendre ce moyen de transport délaissé. «L'idée est de créer une ambiance confortable pour les gens qui effectuent un rapide passage dans la station, mais intenable pour ceux qui souhaiteraient s'y installer trop longtemps», reconnaît la compagnie Metro au Los Angeles Daily News. La diffusion de musique classique est une des nombreuses tactiques visant à réduire l'installation dans ces lieux des sans-abri et des dealers de drogue, et la criminalité. Mais face à cette nouvelle mesure, les avis divergent.
Agression musicale
«Il faut que ça s'arrête. Ça nous rend fous», affirme au journal américain Cody Johnson, un SDF qui s'apprête à quitter la station, ses affaires à la main. Tonya, une jeune étudiante qui ne se sent pas en sécurité dans le métro, apprécie en revanche l'initiative. «Franchement, je trouve que la musique classique est une bonne idée. Je remarque moins de sans-abri et plus d'agents de sécurité», confie-t-elle.
La musique classique peut avoir de nombreux usages, et certains l'utilisent même pour remplacer les pesticides. Mais dans le cas du métro de Los Angeles, «imposer du son est une forme de violence, comme lorsque vous n'aimez pas la musique diffusée dans un restaurant mais que vous êtes obligés de l'écouter», développe la musicologue Lily Hirsch. «Ils essaient d'embêter les gens qui restent trop longtemps. En ciblant un groupe spécifique, ils définissent l'espace en mettant seulement quelques personnes à l'aise, et en gênant les autres.»
La musicologue dénonce l'initiative comme une solution à court terme. «[L'usage de la musique pour chasser les sans-abri] ne résout pas le problème sur le long terme. C'est juste une façon de le déplacer ailleurs.» Lily Hirsch précise aussi que la musique classique est un moyen très utilisé pour délimiter les classes sociales. «Dès qu'on entend de la musique classique, on l'associe à l'élite, à l'argent. Le LA Metro veut être associé à la classe supérieure, pas aux sans-abri.»