Naviguer sur internet est extrêmement simple, mais est bien plus énergivore qu'on ne le pense. Toutes les données du world wide web sont stockées dans des data centers qui consomment en effet beaucoup d'énergie et d'eau –cette dernière étant utilisée pour les refroidir, car ils dégagent beaucoup de chaleur.
Or, cette chaleur serait peut-être utilisable pour chauffer l'eau des piscines municipales britanniques, révèle The Verge. Le principe est plutôt simple: les ordinateurs sont plongés dans une huile qui va capter la chaleur et ensuite la transférer à l'eau à travers un échangeur de chaleur.
Au Royaume-Uni, comme dans toute l'Europe, les prix de l'énergie sont montés en flèche depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine fin février 2022. De nombreuses piscines ont dû fermer leurs portes pendant un certain temps, faute de pouvoir assumer le coût du chauffage de l'eau.
Or, leur consommation d'énergie baisserait de 62% si elles utilisaient plutôt la chaleur produite par les data centers, estime Mark Bjornsgaard, PDG de la start-up Deep Green, qui a déjà équipé des piscines comme celle de Exmouth dans le Devon. La BBC explique ainsi que l'entreprise y a installé un data center de la taille d'une machine à laver permettant de maintenir une température de l'eau de 30°C dans 60% du temps.
Et en plus, c'est écologique
«La consommation énergétique des data centers est estimée à 2% ou 3 % de la consommation électrique mondiale», détaille Jean-Marc Menaud, professeur à l'école nantaise d'ingénieurs IMT Atlantique, interrogé par Ouest-France. Entre 20% et 40% de cette énergie est exclusivement dédiée à leur refroidissement et à leur ventilation. La surchauffe étant un risque majeur, des géants du numérique comme Google utilisent des milliards de litres d'eau chaque année pour refroidir les installations. Solutions plus extrêmes, certains data centers sont même directement construits immergés ou dans des grottes.
En France, des dizaines de piscines avaient fermé en septembre dernier, à la suite de la hausse des prix de l'électricité et du gaz. L'utilisation des data centers aurait pu éviter cela. La preuve avec la piscine de la Butte-aux-Cailles, à Paris, où les data centers de la start-up Stimergy ont été installés en 2017. L'eau y est maintenue à 28°C toute l'année sur les deux bassins et la piscine économise chaque année une quantité d'énergie équivalente à quarante-cinq allers-retours Paris-New York.
Un rapport du groupe Danfoss, spécialisé dans la réfrigération et le conditionnement d'air, le chauffage et la gestion de l'eau, estime qu'en Europe, on gaspille chaque année l'équivalent de nos besoins en eau. Or, si on recyclait cette eau, il serait possible de compenser un manque d'énergie renouvelable.
Cependant, même si de nombreux projets sont en développement dans le monde entier, l'obstacle principal reste celui du coût de l'échangeur de chaleur. Pour le moment, cette technique restera donc à petite échelle, et il faudra attendre un peu pour voir la France se chauffer avec ses eaux usées.