On parle souvent d'un «avant» et d'un «après» lorsqu'on évoque la pandémie de Covid-19. Entre le confinement, le port du masque ou encore le couvre-feu, de quoi se souvient-on réellement de cette période?
Si la pandémie a perturbé la vie de tous, c'est pour les personnes ayant perdu un proche à cause du virus que le souvenir reste le plus lourd. Mais pour les autres, les détails risquent de s'estomper avec le temps, explique le Washington Post. «Notre mémoire n'est pas conçue comme un ordinateur, indique le professeur new-yorkais de psychologie William Hirst au journal américain. Elle s'efface.»
L'oubli est indéniablement lié à la mémoire. Afin de comprendre pourquoi nous avons tendance à oublier certains moments de la pandémie, il faut d'abord se concentrer sur la manière dont on s'accroche à nos souvenirs. Le cerveau possède au moins trois phases interdépendantes pour la mémoire: le codage, la consolidation et la récupération des informations.
Lorsqu'on rencontre une nouvelle information, notre cerveau la chiffre avec des changements de neurones présents dans l'hippocampe –important centre de la mémoire–, ainsi que dans d'autres parties du cerveau, comme l'amygdale, pour les souvenirs émotionnels.
Une grande partie des souvenirs s'efface, à moins qu'ils ne soient stockés lors de la phase de consolidation, se déroulant généralement pendant le sommeil. Ainsi, les souvenirs ne sont ni fixes ni permanents. La mémoire peut changer à chaque fois qu'on y accède et qu'on la consolide.
Le cerveau oublie les épisodes traumatisants
Ce dont on se souvient est généralement chargé émotionnellement et jugé digne d'être traité par notre cerveau. Nos souvenirs sont centrés sur notre vie et sur ce qui nous affecte personnellement.
On pourrait donc croire que la pandémie de Covid-19 fait partie de ces moments que l'on ne peut oublier. C'est un événement historique effrayant, comme peu d'entre nous l'avaient déjà vécu. Pourtant, tant d'épisodes se sont déroulés qu'il est devenu difficile pour le cerveau de chiffrer toutes les informations reçues.
«C'est un phénomène de mémoire fondamental», précise Suparna Rajaram, professeur de psychologie à l'université de Stony Brook. «Même lors de tels événements émotionnels, et d'épisodes où notre vie est en danger, plus l'information est saisissante, plus vous aurez du mal à la capturer», détaille-t-il au Washington Post.
Une autre raison explique ces oublis: beaucoup de gens ne veulent tout simplement pas se souvenir de cette période. Ils ont désormais tendance à appréhender le futur plus positivement. Si le Covid nous a tous affectés, les marques qu'il a laissé dans nos vies varient drastiquement. C'est la façon dont la société va choisir de commémorer la pandémie qui va déterminer la mémoire collective à son sujet.