«Des changements minimes dans les symptômes de santé mentale au sein de la population générale.» Voici l'une des conclusions rédigées par des chercheurs de l'université McGill dans leur nouvelle étude publiée le 8 mars dernier dans le British Médical Journal. Basée sur une analyse croisée de plus de 130 travaux de recherches menés au cours des dernières années, cette nouvelle étude suggère en effet que «le Covid-19 n'a peut-être pas eu un impact aussi important sur la santé mentale de la plupart des personnes que ce qu'indiquaient les recherches antérieures», nous apprends le Guardian.
«Les affirmations selon lesquelles la santé mentale de la population s'est considérablement détériorée au cours de la pandémie reposent principalement sur des études individuelles qui sont des "instantanés" d'une situation particulière, dans un lieu particulier, à un moment particulier», avance dans les colonnes du journal britannique Brett Thombs, professeur de psychiatrie à l'université McGill et auteur principal de l'étude. Selon lui, la population générale a ainsi été plus résiliente qu'initialement anticipé.
Toutefois, si les chercheurs ont déclaré que leurs conclusions s'appliquaient à la plupart des groupes étudiés, ils ont également reconnu que les femmes avaient vu leurs symptômes d'anxiété ou encore de dépression s'aggraver pendant la pandémie, notamment «à cause de leurs responsabilités familiales, parce qu'elles travaillaient davantage dans le domaine de la santé ou de l'aide sociale, ou, dans certains cas, parce qu'elles étaient victimes de violences domestiques», souligne le Guardian.
Les chercheurs ont également noté que les symptômes de dépression s'étaient aggravés «chez les personnes âgées, les étudiants, les personnes s'identifiant comme appartenant à une minorité sexuelle ou de genre, ainsi que chez les parents.»
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Une étude décriée
Pour Gemma Knowles, spécialiste de la santé mentale au King's College de Londres, cette étude comprend cependant de nombreuses limites. Elle risque en effet, selon elle, «d'occulter des effets importants parmi les groupes les plus touchés et les plus défavorisés et, à partir de là, d'occulter une éventuelle aggravation des inégalités en matière de détresse mentale.»
D'autres chercheurs sont du même avis. C'est le cas de Roman Raczka de la British Psychological Society. «Nous ne disposons pas encore d'un tableau complet, et des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l'impact de la pandémie sur les groupes victimes d'inégalités sociales et sanitaires», estime-t-il. «Nous savons que les services de santé mentale, débordés et sous-financés, n'ont pas été en mesure de répondre à la demande croissante de ces dernières années. Il est donc essentiel que les gouvernements financent les services de manière adéquate afin d'apporter le soutien nécessaire.»