Culture

Noces perturbées et fantômes du passé: quatre films à voir sur Netflix et Prime Video

Temps de lecture : 4 min

Au programme de cette sélection: deux films sentimentaux qui décoiffent et deux thrillers singuliers qui déchaussent les dents.

Ashley Madekwe dans Dans leur ombre, de Nathaniel Martello-White. | Capture d'écran Netflix France via YouTube
Ashley Madekwe dans Dans leur ombre, de Nathaniel Martello-White. | Capture d'écran Netflix France via YouTube

Pas de jaloux dans la sélection qui suit: qu'il s'agisse de Prime Video ou de Netflix, chacune des deux plateformes propose actuellement une comédie romantique sur fond de mariage en péril, ainsi qu'un thriller angoissant (et potentiellement surnaturel, ou peut-être pas, mais chut, pas de spoiler) sur fond de passé terrifiant. Soit une sélection de quatre films assez idéaux pour passer une partie de son week-end, en solo ou en agréable compagnie, mais en tout cas avec un bon plaid et une bouillotte.

«Dans leur ombre», ombres errantes

Il ne faudrait pas céder à cette facilité consistant à citer les films de Jordan Peele à la moindre sortie d'un film de genre dont le personnage principal serait noir. Mais il faut bien avouer que dans le cas de Dans leur ombre (ou encore The Strays, disponible sur Netflix), la tentation est immense. Le réalisateur Nathaniel Martello-White entend lui aussi officier dans le domaine de l'angoisse politique, et nous faire frissonner sur fond de questions raciales. Il y a un peu de Get Out dans ce cocktail, et sans doute plus de Us que ce que vous imaginiez au départ.

Le film est construit autour de Neve, femme noire exerçant en tant que proviseure-adjointe d'un lycée plutôt huppé. On le comprend dès la première séquence: un jour, Neve a brusquement quitté une autre vie, moins dorée, pour celle qu'elle mène actuellement. Et c'est cette existence passée qui repointe le bout de son nez lorsqu'un jeune homme et une jeune femme, noirs également, surgissent dans son quotidien tels des spectres.

Un temps, on ne sait pas si Dans leur ombre va plonger ou non dans le surnaturel ou l'horrifique. Mais très tôt, en tout cas, l'angoisse s'installe. L'inconfort croissant dans lequel évolue l'héroïne, plongée dans un épais malaise par l'irruption des deux intrus, est communicatif.

Attention: les dernières séquences sont déconseillées aux âmes sensibles, même si le hors-champ prime. La conclusion du film, elle, n'a pas fini d'interroger, cerise inattendue sur ce bien étrange gâteau.

«Somebody I used to know», rivalité et sororité

Dans la famille Franco, je voudrais le petit frère, Dave, qui fait désormais un joli bout de chemin après s'être longtemps tapi dans l'ombre de James. Pour son deuxième film en tant que réalisateur (après l'intriguant mais décevant The Rental), il dirige de nouveau son épouse Alison Brie, également coscénariste. Et le résultat, à retrouver sur Prime Video, témoigne de l'immense complicité qui unit actuellement les deux artistes.

Car si Somebody I used to know s'ouvre comme une comédie romantique relativement classique, il s'évertue à en faire sauter certains verrous. Le synopsis ressemble à celui du Mariage de mon meilleur ami, film auquel les dialogues font d'ailleurs explicitement référence: l'héroïne, présentatrice de télévision renommée (mais pas épanouie), retourne dans sa petite ville et réalise qu'elle a envie de reconquérir son ex (Jay Ellis, vu dans Top Gun: Maverick et Insecure), qui s'apprête à se marier avec une femme rencontrée six mois avant (Kiersey Clemons).

Acide et drôle, Somebody I used to know (film garanti sans chanson de Gotye) n'hésite pas à rendre sa protagoniste antipathique, et ne se vautre pas dans une utilisation éculée de la rivalité féminine, avec crêpage de chignons à la clé. Au contraire, il s'attache à décrire des rapports plus complexes que prévu, dans un style qui n'est pas sans rappeler certains aspects de la série Girls (sauf qu'ici, tout le monde n'est pas blanc).

«Synchronic», hot drogue

Vous ne rêvez pas: s'il date de 2019, Synchronic vient seulement de débarquer sur Netflix, où il a figuré dès son arrivée parmi les films les plus vus de la plateforme. C'est l'occasion de se faire un double programme Anthony Mackie, l'acteur tenant aussi l'un des rôles principaux de We have a ghost, également disponible depuis quelques jours –mais tellement poussif qu'on se gardera bien de vous le recommander, malgré son chouette pitch sur fond d'influenceur fantôme.

Autrement plus sérieux, Synchronic s'intéresse à deux secouristes (le second étant joué par le ténébreux Jamie «Christian Gray» Dornan) confrontés à la découverte d'une drogue aux effets étranges et ravageurs. Difficile d'en dire davantage sans trop en révéler, mais ce film se déroulant à La Nouvelle-Orléans ira jusqu'à fouiller dans le passé lointain de la ville pour permettre à ses personnages de comprendre comment fonctionne la substance –et quelles sont les conséquences de son absorption.

À défaut d'être totalement abouti, Synchronic a en tout cas le mérite de tenir en haleine, parce qu'on n'a pour ainsi dire jamais vu cela. Le film mélange les genres avec une détermination qui fait plaisir à voir: celle de deux artisans, Justin Benson et Aaron Moorhead. Depuis leurs débuts, le premier écrit et les deux réalisent, avec l'envie dévorante de raconter des histoires et de crier à quel point ils aiment le cinéma. Résultat: un film qu'on aurait volontiers loué au vidéoclub à l'époque où il en existait encore plus de quatre en France.

«Shotgun Wedding», mariage et prise d'otage

Prime Video misait visiblement beaucoup sur cette romcom d'action dans laquelle le mariage de Jennifer Lopez et Josh Duhamel tourne en eau de boudin en raison de l'irruption de pirates assoiffés de pognon, qui viennent salement perturber la noce. Les résultats auront-ils été à la hauteur des attentes de la plateforme? L'opacité étant le maître-mot des plateformes de streaming, qui ne dévoilent pas leurs chiffres, on n'en saura rien pour le moment. Mais pour ce qui est des attentes du public, on dira que Shotgun Wedding fait le boulot.

Il y a là encore un petit goût de vidéoclub pas désagréable. Il y a quarante ans, le scénario aurait sans doute été proposé au tandem Kathleen Turner-Michael Douglas (période À la poursuite du diamant vert): le duo Lopez-Duhamel présente la même forme d'alchimie comico-sexy, avec une volonté similaire de renverser au moins un peu les codes. Ici, le courage et la fragilité vont au-delà des stéréotypes de genre, et c'est particulièrement rafraîchissant.

Le film fait tout pour être cool et fun, et il y parvient plutôt bien, d'autant qu'il nous gratifie de quelques seconds rôles cinq étoiles. D'abord l'inévitable Jennifer Coolidge, au sommet de sa hype depuis The White Lotus, et qui figure aussi dans We have a ghost –dont on ne vous parlera toujours pas, désolé. Mais aussi et surtout Lenny Kravitz, dans le rôle de l'ex si gaulé et charismatique que c'est lui qu'on a envie d'épouser. En ajoutant à cela une J.Lo explosive, cela fait tout de même beaucoup de raisons de ne pas bouder son plaisir.

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