Chaque année, des millions d'ânes sont tués, et leur peau utilisée pour fabriquer une gélatine nomme eijao, utilisée dans certains compléments alimentaires. Réputée pour ses bienfaits, cette gélatine de peau d'âne a gagné en popularité avec les années.
Les actes de cruauté à l'égard de l'espèce, eux, sont en forte augmentation, d'après les chiffres fournis par l'association The Donkey Sanctuary. Dans une vidéo obtenue récemment par ses activistes, on voit des travailleurs tanzaniens s'acharner sur des ânes à coups de marteau. L'horreur est totale.
Parmi les produits contenant cette gélatine, encore appelée «gelatina nigra», on trouve des compléments alimentaires permettant de prévenir la formation d'hémorroïdes. Ceux-ci sont disponibles à la vente sur Amazon, et c'est après en avoir consommé à plusieurs reprises qu'une Californienne interrogée par Ars Technica révèle avoir parcouru la composition du produit. Végétarienne depuis toujours, elle n'en a pas cru ses yeux.
Si Walmart ou eBay ont d'ores et déjà renoncé à commercialiser des produits contenant de l'eijao, Amazon continue d'en vendre à l'heure actuelle malgré les nombreuses pétitions lui demandant de cesser. Mi-février, le cabinet juridique californien Evans & Page a d'ailleurs déposé une plainte à la demande du Center for Contemporary Equine Studies, association à but non lucratif. Car en vertu des lois de l'État, la vente de ce produit serait en fait illégale.
Les ânes sont-ils concernés?
Le dossier évoque une loi de droit social datant de 1998, et nommée Prohibition of Horse Slaughter and Sale of Horsemeat for Human Consumption Act –et connue sous le nom de Proposition Six, pour faire plus court. Elle pénalise la vente de viande d'équidés, les plaçant au même niveau que les chiens et les chats.
Problème: le terme utilisé dans le texte, «horsemeat», signifie littéralement «viande de cheval». Tandis que certains affirment que les ânes ne sont pas concernés, d'autres soutiennent que le mot «horsemeat» fait bel et bien référence à tous les équidés, et qu'il inclut donc bien les ânes.
«L'esprit de la Proposition Six est de protéger tous les équidés, y compris les ânes, des massacres permettant aux humains de les consommer. Point final», soutient Bruce Wagman, avocat spécialisé dans la cause animale, qui n'est pas lié au dossier actuel.
En cas de défaite dans ce dossier, Amazon aurait un sacré ménage à faire dans ses rayons: il existe en effet plus d'un millier de références incluant les termes «eijao», «donkey hide» (désignation anglophone de la peau d'âne) ou encore «ass hide». Parmi elles, une quinzaine de produits comestibles contenant de la gélatine de peau d'âne, certains vendus via des entreprises externes, d'autres envoyés directement par Amazon depuis ses entrepôts.
Déjà en 2018, des associations avaient réussi à empêcher Amazon de continuer à vendre du foie gras en Californie, ce genre de commerce violant les lois de l'État.