Il est devenu une légende bien avant la sortie du film qui lui est consacré (Cocaine Bear, ou plutôt Crazy Bear pour sa sortie française, le 15 mars 2023): l'ours qui, en 1985, avait consommé de la cocaïne, est loin d'être le seul animal à être devenu accro à une substance dont il n'était même pas censé faire un jour la connaissance.
Dans le cas du plantigrade, c'est une rencontre fortuite avec un sac contenant 35 kilos de cocaïne pure, tombé dans une forêt de l'État américain de Géorgie après un accident d'avion, qui a provoqué sa découverte de la cocaïne. Souvent tournée en dérision, l'histoire est pourtant d'une tristesse folle, car l'animal est mort en une vingtaine de minutes, après avoir probablement ingéré entre 3 et 4 grammes de poudre blanche.
À l'occasion de la sortie américaine du film réalisé par Elizabeth Banks, le New York Times revient sur d'autres histoires d'animaux atteints par l'addiction. Les aliments hautement caloriques font partie des produits les plus prisés (les animaux sont des «machines à manger», résume le biologiste Dave Wattles).
La crème glacée, une addiction universelle
Jeff Hull, conservateur au département environnement de l'État de New York, décrit par exemple le cas d'une moufette aimant beaucoup trop le McFlurry, l'un des desserts phares de McDonald's. La chaîne de fast-food a d'ailleurs changé le conditionnement en 2008 pour éviter que les animaux (et notamment les hérissons) ne se retrouvent piégés en glissant la tête dans les pots de glace jetés par la clientèle dans des poubelles publiques ou dans la nature.
Un ours accro aux glaces avait également été signalé au niveau des monts Berkshire, à l'ouest du Massachusetts. Il «est entré dans plusieurs habitations, a ignoré la nourriture disponible, mais s'est rué sur le congélateur pour manger de la crème glacée», raconte Andrew Madden, superviseur du département de l'État consacré à la pêche et aux animaux sauvages. Apparemment, l'animal a surtout consommé de la glace à la vanille, mais selon le témoin, c'est peut-être simplement parce qu'il s'agit du parfum le plus présent dans les congélateurs.
Les ours et les congélateurs, c'est visiblement une grande histoire d'amour. Dans le Colorado, en 2020, un autre est parvenu à chiper un sac de frites surgelées, mais aussi et surtout des produits comestibles contenant de la marijuana. Dans le même État, on a également signalé plusieurs cas d'ours voleurs de bière, qu'ils consomment en plantant leurs dents directement dans les canettes. «Une fois qu'ils comprennent que les humains sont entourés de nourriture, ils deviennent très curieux et ils tentent des trucs», explique un employé du département des parcs et espaces naturels du Colorado.
Drogués et alcoolisés
Parmi les autres faits relevés, on signale celui d'un raton-laveur ayant consommé de la marijuana et des benzodiazépines, ralentisseurs d'activité cérébrale prescrits en cas d'anxiété. Il aurait trouvé ces substances dans des ordures, terrain de prédilection des animaux de son espèce. La drogue est susceptible de frapper toutes les catégories de bêtes, même les plus inattendues: en 2019, des traces de cocaïne avaient été retrouvées sur des crevettes d'eau douce, sans doute parce que de la drogue avait été déversée dans leur rivière.
Les humains sont souvent responsables des intoxications et des addictions touchant les animaux, mais parfois, la nature se charge toute seule de créer ce genre de phénomène: il suffit par exemples de baies fermentées pour rendre complètement marteaux les jaseurs d'Amériques, oiseaux de la famille des passereaux. Dans l'État d'Oregon, on s'est fait une spécialité de recueillir ceux ne volent plus très droit et finissent, sous l'effet de la fermentation, par percuter des vitres de plein fouet.
Éléphants, ours, wapitis: les animaux ayant déjà connu l'ivresse à cause de fruits fermentés sont nombreux. Mais pour que cela se produise, il faut en ingurgiter une très grande quantité, expliquent les spécialistes. Ce qui indique que les animaux en question sont soit très affamés, soit très bêtes, soit complètement accros.