Publicités prônant la positivité, déploiement stratégique dans les entreprises et dans les écoles... Le concept de bien-être est omniprésent dans notre quotidien. À tel point que les psychologues se demandent si cette obsession pour le bien-être n'aurait pas l'effet inverse de celui escompté.
Pour comprendre pourquoi ce concept serait toxique pour nous, The Conversation revient sur ses origines. Si les préoccupations relatives à la santé mentale remontent à l'Antiquité, le terme «bien-être» n'est devenu un élément central de la vie sociale qu'à l'époque contemporaine. Cela s'explique notamment par le fait qu'il est souvent confondu avec des concepts aussi divers que le bonheur, la qualité de vie, la satisfaction et l'épanouissement.
Aujourd'hui, le bien-être dit «objectif» serait considéré comme une réponse à l'inégalité sociale croissante. Cette notion viserait notamment à offrir une alternative au PIB comme mesure de la prospérité nationale. Par exemple, en Nouvelle-Zélande, le cadre des niveaux de vie est grandement guidé par ce concept.
Seulement, ces initiatives ne sont pas aussi positives qu'elles le laissent penser. Elles restent ancrées dans un paradigme dans lequel le comportement individuel est le pivot du changement, plutôt que les structures politiques et économiques qui nous entourent. Ainsi, de nombreuses organisations utilisent les principes et les politiques du bien-être pour renforcer les hiérarchies existantes, sans aucune remise en question.
Gare aux abus
Il y a de fortes chances que vous ayez assisté à la création de nouveaux départements, d'unités de travail, de programmes ou d'atelier sur le bien-être dans votre entreprise. Si sur le papier, ces initiatives ne présentent aucune ombre au tableau, la réalité est bien moins utopique: les psychologues soutiennent que le bien-être constitue un réel champ de pouvoir pour les entreprises.
Il s'agirait pour les établissements d'une tentative stratégique pour améliorer la productivité, réduire les coûts, conserver une bonne réputation et promouvoir la conformité. Et ce, sans que les employés ne s'en rendent réellement compte. Les coins détente, les salles de sieste, les baby-foot et toutes les infrastructures vendant du rêve permettraient en fait de compenser les heures supplémentaires, la mauvaise ambiance entre collègues et les semaines de travail intensives.
En outre, certains employés ressentiraient davantage de pression, considérant désormais que participer à ces programmes et ateliers est une tâche professionnelle semi-obligatoire; au point que la non-participation entraînerait une stigmatisation. Au bout du compte, leur quotidien rimerait avec stress et... mal-être.