En 2021, 42% des adolescents américains ont déclaré avoir «éprouvé des sentiments persistants de tristesse ou de désespoir, tandis que 22% ont sérieusement envisagé une tentative de suicide». Voici les statistiques édifiantes d'un récent rapport des Centers for Disease Control and Prevention («Centres pour le contrôle et la prévention des maladies» en français).
En France, le constat est tout aussi inquiétant. Selon Santé Publique France, «les passages aux urgences pour troubles de l'humeur, gestes et idées suicidaires montrent depuis le début de l'année 2022 des niveaux élevés, comparables à ceux observés début 2021 voire supérieurs, chez les 15-17 ans».
Ces situations de détresse psychologique, parfois extrêmes, laissent très souvent les parents démunis. Le New York Times a donc décidé de donner la parole à une psychologue pour tenter de mieux comprendre ce qu'il se passe dans la tête des adolescents, et surtout, pour prévenir une véritable dégradation de la santé mentale des jeunes.
Entre curiosité et empathie
«Les adolescents ressentent leurs émotions plus intensément que les enfants ou que les adultes», explique dans les colonnes du journal américain la psychologue Lisa Damour. «Il y aura donc de nombreux jours où ils ressentiront de la détresse. La plupart du temps, cette détresse sera probablement liée à certaines circonstances. [...] Ce qui nous intéresse, c'est de savoir comment l'adolescent va ensuite gérer ses émotions.»
Pour la spécialiste, les parents devraient donc être particulièrement vigilants à ce que leurs enfants ne se réfugient pas dans des mécanismes compensatoires autodestructeurs. Pour Lisa Damour, il faut par ailleurs veiller à ce que ces émotions ne deviennent pas un obstacle à leur scolarité ou à leur vie sociale.
Pour ce faire, la psychologue livre deux conseils: «Le premier, c'est la curiosité: s'intéresser à ce qu'ils partagent, poser des questions. L'autre, c'est l'empathie: leur faire savoir que nous sommes désolés qu'ils se sentent ainsi.» De nombreuses études ont en effet montré que le simple fait de verbaliser une émotion aide à réduire son impact.
Respecter leurs conditions
Mais toujours selon la spécialiste, les parents ne devraient pas non plus s'attendre à ce que leur adolescent soit prêt à répondre à leurs questions à n'importe quel moment. Il faut ainsi leur laisser le temps de digérer leurs émotions, et surtout, être conscient qu'un ado peut se montrer plus ouvert lorsqu'il est à l'origine de la conversation.
«Cela peut signifier qu'ils peuvent nous parler à des moments que nous pouvons trouver inopportuns, souligne Lisa Damour. Mais si nous voulons cultiver nos liens avec nos adolescents, il est important d'accepter leurs conditions d'engagement.»
Et s'il est totalement compréhensible que les parents souhaitent protéger leurs enfants, la spécialiste estime qu'une douleur émotionnelle n'est pas «seulement inévitable, mais qu'elle a souvent une valeur». Cependant, lorsqu'une situation devient ingérable, il appartient aux adultes d'apporter un soutien supplémentaire.