Société

Pourquoi la génération Z est-elle autant stressée au travail?

Temps de lecture : 2 min

L'angoisse professionnelle touche les travailleurs de tout âge, mais les jeunes semblent ressentir cette pression de manière décuplée.

Plus de 90% des 18-24 ans disent ressentir de l'angoisse sur leur lieu de travail, rapporte la BBC. | Tim Gouw via Unsplash
Plus de 90% des 18-24 ans disent ressentir de l'angoisse sur leur lieu de travail, rapporte la BBC. | Tim Gouw via Unsplash

Les chiffres sont édifiants. Selon une récente enquête menée par Cigna International Health sur près de 12.000 travailleurs à travers le globe, 84% des sondés déclarent ressentir du stress au travail de manière quasi quotidienne. Si ce phénomène n'est pas propre à une classe d'âge en particulier, ce sondage démontre tout de même que la génération Z –c'est-à-dire les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2000– est la plus touchée.

Ce sont en effet 91% des 18-24 ans qui disent ressentir de l'angoisse sur leur lieu de travail, nous apprend la BBC. Les mêmes données dévoilent que près d'un quart de cet échantillon estime être touché par un stress «ingérable». Pire encore, 98% d'entre eux avancent être confrontés à des symptômes d'épuisement professionnel, ou burn-out. Mais comment expliquer ce phénomène inquiétant?

Un sentiment d'instabilité économique

L'une des raisons principales derrière ce sentiment d'angoisse réside, sans surprise, dans les conséquences de la pandémie de Covid-19. L'incertitude liée à cette période a laissé place à un sentiment d'instabilité, et notamment à une instabilité économique. «Par essence, le travail se trouve à un moment très incertain», soutient dans les colonnes du média britannique Eliza Filby, chercheuse spécialiste des générations basée à Londres. «Il y a par ailleurs un stress horrible pour tout le monde concernant les vagues de licenciements.»

Mais tandis que ces préoccupations sont largement répandues à travers toutes les générations, les jeunes ressentent cette pression économique de manière décuplée. Selon des données récoltées par McKinsey and Company et publiées en octobre 2022, les employés de la génération Z sont en effet plus susceptibles que les autres répondants de déclarer que «leur salaire ne leur permet pas d'avoir une bonne qualité de vie dans la conjoncture économique actuelle».

Ceci s'explique notamment par le fait que les membres de la génération Z épargnent, malgré eux, peu d'argent par rapport à leurs aînés. Beaucoup vivent tout simplement au rythme de leur salaire. Ils ont également plus de mal que les autres générations à franchir des «étapes essentielles», comme acquérir une propriété. Aux États-Unis, par exemple, 59% des 18-24 ans estiment qu'ils ne seront jamais propriétaires, contre 29% des 29-34 ans.

Des habitudes bousculées

Mais la pandémie de Covid-19 a eu une autre conséquence sur la génération Z. Selon Eliza Filby, les jeunes éprouvent un type particulier d'anxiété en raison du «climat extraordinaire» dans lequel ils sont entrés sur le marché du travail. Bon nombre d'entres eux ont en effet été contraints de terminer leurs études de manière virtuelle et isolée, pour ensuite se retrouver plongés dans un environnement professionnel, sans transition. «Le fait de devoir se rendre dans un bureau et de sociabiliser [...] semble très étranger à beaucoup de jeunes. Les aspects sociaux du travail restent intimidants», avance Eliza Filby.

Aussi, ces conditions ont souvent freiné le développement professionnel de la génération Z. D'après des données recueillies par LinkedIn et obtenues par la BBC, les 18-25 ans sont les moins confiants de toutes les générations confondues dans leur emploi. «Seuls 43% des membres de la génération Z se sentent extrêmement confiants, c'est-à-dire parfaitement capables dans tous les aspects de leur rôle, contre 59% des membres de la génération Y, de la génération X et des baby-boomers», détaille le média britannique. Sur le long terme, ce stress risque donc d'affecter les performances et l'avenir professionnel de la génération Z, s'inquiète la BBC.

La solution? Selon Eliza Filby, les jeunes devront peut-être essayer de sortir de leur zone de confort pour réduire leur stress en parlant de leurs difficultés. «Ils sont particulièrement bien placés pour le faire et beaucoup plus disposés à exprimer clairement ce qui constitue une source de stress et de tension sur le lieu de travail», expose-t-elle.

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