Le gras est toujours mauvais pour la santé, la consommation d'aliments à base de soja peut augmenter les risques de cancer du sein... Dans le monde de la nutrition, les mythes comme ceux-ci sont légion. Le New York Times a donc décidé d'inviter dans ses colonnes une équipe de spécialistes afin de déconstruire quelques-unes des idées reçues les plus répandues concernant notre alimentation.
Les fruits et légumes frais sont les plus sains
Vous faites peut-être partie des personnes qui ont toujours entendu que les fruits et légumes frais étaient bien plus nutritifs que leurs homologues surgelés, en conserve ou encore secs. Eh bien selon plusieurs études, notamment l'une d'entre elles publiée en 2014 dans l'American Journal of Lifestyle Medecine, ce n'est pas toujours le cas. Si elles ne contiennent pas de sucres ajoutés ou de graisses saturées, ces alternatives peuvent être tout aussi saines.
«Elles peuvent par ailleurs représenter une économie d'argent et un moyen facile de s'assurer qu'il y a toujours des fruits et des légumes disponibles à la maison», soutient Sara Bleich, professeure en politique de santé publique à Harvard. L'experte invite toutefois à toujours se pencher sur les étiquettes nutritionnelles des aliments afin d'effectuer les meilleurs choix.
Le gras, c'est toujours mauvais pour la santé
Pendant longtemps, bon nombre de personnes ont entretenu l'idée qu'un régime pauvre en graisses pouvait être bénéfique pour tous et prévenir certaines maladies. Si l'on sait que certains types de graisses, dont les graisses saturées, peuvent «augmenter le risque de maladies cardiaques ou d'accidents vasculaires cérébraux», toutes les graisses ne sont pas à mettre dans le même panier.
Ainsi, ont retrouve du «bon gras» dans les huiles d'olive et certaines huiles végétales, dans les avocats ou encore dans certains fruits à coque, par exemple. «Les bonnes graisses sont importantes pour fournir de l'énergie, produire des hormones, soutenir la fonction cellulaire et faciliter l'absorption de certains nutriments», souligne par ailleurs le New York Times.
Les calories, le facteur le plus important dans la prise de poids
Un régime pauvre en calories n'est pas forcément synonyme d'une alimentation saine. Inversement, ce n'est pas parce que vous augmentez votre apport en calories que vous allez forcément être en surpoids. «Ce sont plutôt les types d'aliments que nous mangeons qui peuvent être les facteurs déterminants à long terme», soutient Dariush Mozaffarian, professeur de nutrition et de médecine à la Friedman School of Nutrition Science and Policy de l'Université Tufts, située aux États-Unis.
Les aliments ultra-transformés peuvent ainsi être particulièrement néfastes et occasionner une prise de poids, «car ils sont rapidement digérés et inondent la circulation sanguine de glucose, de fructose et d'acides aminés, qui sont convertis en graisses par le foie». Pour maintenir un poids sain, les experts conseillent donc de passer plus de temps à privilégier une alimentation de qualité... plutôt qu'à compter les calories ingérées.
Les laits végétaux sont excellents pour la santé
S'ils sont de plus en plus populaires, les laits d'amande, de soja, d'avoine, et de riz sont-ils vraiment bons pour la santé? La réponse est nuancée. Il est indéniable que ces derniers représentent un véritable atout pour les personnes qui ne peuvent par exemple pas consommer de produits laitiers. Mais ils restent plus pauvres en protéines que le lait de vache, indique le journal américain.
Surtout, certains de ces laits végétaux contiennent plus d'ingrédients supplémentaires, comme du sodium ou des sucres ajoutés, et sont dépourvus de plusieurs nutriments comme le potassium ou encore la vitamine D. Nous avions d'ailleurs consacré un article à cette question il y a quelques années. Toutefois, les experts précisent que la valeur nutritive des laits végétaux peut varier, et qu'il revient encore une fois au consommateur d'effectuer les bons choix.
Les personnes atteintes de diabète de type 2 ne devraient pas manger de fruits
Selon les spécialistes, ce mythe trouverait ses racines dans la confusion entre d'un côté, les fruits, et de l'autre, les jus de fruits. Ces derniers peuvent effectivement «augmenter le taux de sucre dans le sang en raison de leur teneur élevée en sucre et de leur faible teneur en fibres», détaille le journal.
Des études ont pourtant prouvé que les personnes qui consomment une portion de fruits par jour –«notamment des myrtilles, du raisin et des pommes»– ont un risque plus faible de développer un diabète de type 2. D'après les experts, «tout le monde, y compris les personnes atteintes de diabète de type 2, peut ainsi bénéficier des nutriments [...] contenus dans les fruits, comme les fibres, les vitamines, les minéraux et les antioxydants».
La consommation d'aliments à base de soja accroît les risques de cancer du sein
Selon le New York Times, des études menées sur des animaux «ont effectivement démontré que des doses élevées d'œstrogènes végétaux présents dans le soja stimulaient la croissance des cellules tumorales du sein». Toutefois, comme le souligne Frank B. Hu, professeur et directeur du département de nutrition de l'école de santé publique de Harvard, «ce lien n'a pas été confirmé par des études sur l'humain».
En 2020, l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE) a d'ailleurs consacré un article à cette question. L'organisme avançait ainsi qu'un rapport international publié en 2018 avait conclu «que la relation entre soja et cancer du sein n'était pas prouvée». L'INRAE soulignait néanmoins dans le même texte que des études menées sur les compléments au soja «suggéraient un risque plus élevé de cancer du sein [...] chez les femmes qui ont déjà des cas [...] dans leur famille».