Ils s'aiment, vivent ensemble et partagent tout, sauf leur lit la nuit. Dans un reportage, le New York Times dresse le portrait de plusieurs couples américains qui ont décidé de faire chambre à part, pas tant pour sauver un amour en perte de vitesse, mais plutôt par souci de liberté –et de sommeil.
Dormir séparément de la sorte est en fait plus courant qu'on ne le pense. Aux États-Unis, près d'un couple sur cinq dort dans des chambres séparées, avec plus ou moins de réussite. Une étude de l'agence OnePoll menée en 2019 outre-Atlantique auprès de 2.000 personnes ayant fait ce choix montre que, pour 24% d'entre eux, le «sleep divorce», ou «divorce du sommeil»), améliorait leur vie conjugale.
Le phénomène touche aussi la France et les raisons de cette décision sont variées. Renouer avec les désirs, mieux dormir sans être constamment réveillé par les ronflements de son ou sa partenaire, avoir une couverture entière (et non une demi-couverture qui disparaît mystérieusement au fil de la nuit), mais aussi avoir un espace vraiment à soi, une chambre décorée à son goût, si tant est que l'on en a les moyens. Si l'idée a de quoi séduire, passer à l'acte n'est pas anodin, estiment les sexologues.
La chambre qui cache la forêt
Toujours du coté du New York Times, plusieurs sexologues et conseillers conjugaux ont fait part de leurs doutes face à ce phénomène. Une question revient avec insistance: que se cache-t-il derrière pareille séparation nocturne? Ou, autrement dit, n'est-ce pas un moyen non conflictuel d'éviter les discussions importantes, voire d'échapper à un couple malheureux?
Pour appuyer leurs propos, les sexologues mettent en avant tout un tas de références cinématographiques où l'époux, coureur de jupons ou non, finit bien souvent sa nuit sur un canapé, symbole d'un couple malheureux. Outre cette métaphore quelque peu figée dans le temps qui mériterait bien un coup de modernité, c'est surtout le risque de voir les couples s'éloigner sexuellement qui les alerte.
Se rejoindre dans le lit après une journée passée loin l'un de l'autre, c'est aussi l'occasion d'avoir un temps ensemble garanti: un temps où l'on est sûr de se retrouver pour discuter, faire vivre la relation et s'apporter tendresse et amour.
Supprimer ce temps de partage, c'est transformer la relation en une colocation «avec bénéfice», estiment les conseillers conjugaux interrogés par le média américain, qui craignent de voir les relations sexuelles au sein de ces couples novateurs disparaître –ou bien craignent-ils de perdre un à un leurs clients ayant franchi le pas?