Il y a des épisodes historiques que l'Europe préférerait oublier. Les procès d'animaux sont de ceux qui tendent à interloquer. Particulièrement populaires au Moyen Âge, ces événements juridiques autorisaient les humains à mettre des porcs, des rats ou même des insectes sur le banc des accusés.
Si vous pensez qu'ils n'étaient pas pris au sérieux, détrompez-vous. Comme l'explique Discover Magazine, ces procès n'avaient rien d'anodin. Les meilleurs avocats de l'époque plaidaient la cause des animaux ou des insectes accusés. Barthélemy de Chasseneuz, figure majeure de la jurisprudence française, était l'un d'eux. En 1522, le juriste avait défendu des rats dans un procès les opposant à la ville d'Autun. Les rongeurs, accusés de détruire les récoltes d'orge, ne s'étaient finalement pas présentés au tribunal. Aussi étrange que cela puisse paraître, personne n'imaginait que les incriminés puissent s'absenter en ce jour fatidique.
Barthélemy de Chasseneuz a donc dû faire valoir que, selon le droit en vigueur, les rats pouvaient ignorer une citation à comparaître si l'exécution de celle-ci leur faisait courir un risque majeur. La ville regorgeant de chats, les rongeurs n'avaient d'autre choix que d'ignorer la convocation. L'affaire est donc finalement tombée à l'eau et le juriste a poursuivi sa carrière en représentant des clients humains.
D'autres animaux n'ont malheureusement pas eu la chance de voir les poursuites contre eux abandonnées. En 1386, une truie a été dûment reconnue coupable de meurtre pour avoir blessé un bébé, mort des suites de ses blessures. Avant d'être exécuté publiquement sur la place du village, et conformément au commandement de l'Ancien Testament «œil pour œil, dent pour dent», l'animal a subi les mêmes coups que ceux qu'il avait infligés à l'enfant.
Gain de cause
Mais parfois, certains animaux et insectes réussissaient tout de même à obtenir gain de cause. Un procès opposant un monastère franciscain du Brésil à un essaim de termites en est la preuve. En 1713, ces dernières étaient traînées en justice: les frères leur reprochaient de s'être servies dans leur nourriture et d'avoir dévoré le mobilier du bâtiment. Pour défendre ses clientes, l'avocat de la défense a fait valoir que les insectes étaient des créatures de Dieu et avaient ainsi le droit de se nourrir. Après l'exposé des arguments des deux parties, le jugement est tombé: les religieux ont reçu l'ordre de fournir un habitat aux termites.
D'autres tribunaux ont également fait preuve d'indulgence envers les animaux. En 1519, un juge a banni une communauté de taupes d'un village des Alpes, mais leur a garanti un sauf-conduit (document délivré pour traverser un territoire) lorsqu'elles quittaient la ville, afin qu'elles soient protégées contre les prédateurs. En outre, les nouveau-nés et les femelles de leur groupe qui étaient enceintes se sont vus accorder un délai supplémentaire pour quitter les lieux.
Aujourd'hui, les temps ont changé. Si un chien est considéré comme dangereux, ce dernier a peu de chances de bénéficier d'un excellent conseil juridique. Il sera probablement euthanasié et ne se verra pas accorder de droits similaires aux nôtres.