Prendre une grande décision n'est jamais une mince affaire. Tiraillées par la peur de se tromper et de regretter, de nombreuses personnes remettent leur sort entre les mains de leur entourage. Action critiquée par le philosophe Farbod Akhlaghi dans un article relayé par le Guardian.
Dans la revue Analysis, le penseur écrit: «L'autodétermination est un droit. Essayer d'empêcher des amis de faire certains choix de vie, comme celui de commencer un nouvel emploi ou de fonder une famille, peut violer un droit moral crucial. La capacité de voir que la personne que nous sommes devenue est le produit de décisions que nous avons prises par nous-même est très importante.» Selon lui, ce n'est qu'en faisant des choix de façon totalement indépendante que nous pouvons réellement apprendre à nous connaître.
Même si votre entourage vous donne des conseils bien intentionnés sur une décision de votre vie, ce droit à l'autonomie sera bafoué. Assertion d'autant plus vraie lorsqu'il s'agit d'une expérience transformatrice.
Une expérience est qualifiée de «transformatrice» lorsqu'elle apporte une connaissance ou une compréhension que l'on ne peut posséder que si l'on vit cette situation. Par exemple, goûter un nouveau fruit, voir une couleur pour la première fois ou avoir un enfant font partie de cette catégorie. Parce que ces expériences concernent nos préférences, nos valeurs et nos désirs fondamentaux, il est d'autant plus important de nous créer notre propre opinion.
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Chaque expérience est unique
Évidemment, en tant qu'ami, vouloir dissuader ses proches d'effectuer un mauvais choix est terriblement tentant. Le seul problème est que cette perception est purement subjective: nous n'avons aucune bonne raison de croire qu'une expérience transformatrice sera positive ou négative avant qu'elle ne se réalise. Aller à l'université, par exemple, est certes enrichissant pour certains, mais sera un véritable cauchemar pour d'autres. Il est donc impossible de savoir si une décision est la bonne tant que l'on ne la prend pas.
Devrions-nous conclure pour autant que nous ne devons jamais interférer dans un choix transformateur? Le philosophe juge que cette conclusion serait trop hâtive. Supposons que quelqu'un souhaite vivre l'expérience transformatrice de se livrer à une folie meurtrière. Indépendamment du fait que nous ne savons pas ce qu'il en sera pour cet ami, nous sommes clairement en droit de l'empêcher de faire ce choix.
Farbod Akhlaghi soutient qu'il n'est justifiable d'interférer dans la décision d'une autre personne que par des considérations morales, telles que le risque de nuire à autrui. Mais en règle générale, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
