C'est la science qui le dit: les institutions seraient bien inspirées de servir au plus vite des plats vegans, c'est-à-dire des burgers, mais aussi ce qu'il n'est plus permis d'appeler des steaks ou des saucisses depuis que le lobby de la viande a saisi la justice dans ce but. Une étude menée conjointement par les consultants en développement durable de chez Systemiq et les scientifiques de l'université britannique d'Exeter établit que les écoles, les prisons ou encore les hôpitaux devraient être en première ligne pour contribuer activement à modifier nos habitudes alimentaires.
Le fait que les cantines des établissements placés sous la responsabilité de l'État se mettent à la nourriture végétale constituerait un «super levier», si l'on en croit les conclusions des recherches récemment menées –et relayées par New Scientist. Elles pourraient entraîner une série de réactions en chaîne qui pourraient avoir des conséquences positives jusque dans nos foyers.
Les institutions ont tout à y gagner, estiment les experts et les expertes ayant planché sur le sujet. Il y a même des économies à faire. En outre, cela permettrait de faire baisser la consommation de viande d'au moins 20%, et donc de pouvoir utiliser autrement 8 millions de kilomètres carrés de champs réservés jusqu'ici à l'élevage. Quant à la consommation d'eau et aux émissions de dioxyde de carbone, elles connaîtraient une baisse vertigineuse. Il faut dire que libérer autant de surfaces aurait pour effet de favoriser la reforestation de certaines zones.
Au-delà de la cantoche
Mais les chercheurs et chercheuses ont également identifié d'autres leviers d'action, et notamment l'utilisation d'hydrogène vert (produit principalement par électrolyse de l'eau à partir d'électricité renouvelable) pour la fabrication des engrais à base d'ammoniaque. Celle-ci ne peut pas être généralisée à court terme, mais elle devrait être imposée pour la production d'au moins 25% de ces engrais. Par la suite, l'hydrogène vert pourrait aussi être utilisé comme carburant pour les bateaux, mais aussi comme source d'énergie pour les aciéries.
Dans le même temps, les constructeurs automobiles sont également encouragés à produire davantage de véhicules électriques afin de faire diminuer les émissions de gaz à effets de serre, mais aussi pour que le développement de batteries toujours plus propres devienne rapidement une priorité absolue. Avec la généralisation progressive du tout-électrique, les prix de l'électricité et des modules de recharge pourraient aussi devenir plus abordables. Ce qui n'est bien sûr pas négligeable, l'argent étant le nerf de la guerre.
Les conclusions de cette étude, présentées au Forum économique mondial de Davos (qui s'est déroulé cette année entre le 16 et le 20 janvier), sont volontairement positives: il s'agit de trouver des clés d'action afin d'aller de l'avant, expliquent ses rédacteurs et rédactrices. «Aucune d'entre elles ne consiste à bannir l'ancien», conclut Mark Meldrum, de chez Systemiq. «Il s'agit de soutenir le moderne, de l'aider à être aussi compétitif et attractif que possible. Nous voulons arriver à une étape dans lequel aucune interdiction ne sera nécessaire, puisque tout le monde aura envie d'aller vers l'innovation.»