Cela ressemblait à une notion vieille comme le monde, datant de l'aube de l'humanité. Mais non, nous apprend The Atlantic: la notion de meilleur ami ou de meilleure amie date quasiment d'hier. De nos jours, tout le monde est d'ailleurs loin d'avoir un ou une BFF (sigle de plus en plus employé en France et signifiant «best friend forever»): dans une étude récente, les Américains et Américaines citent en général trois noms lorsqu'on leur demande de nommer leurs ami·es les plus proches –et c'est même davantage dans d'autres pays.
À dire vrai, les gens ne s'accordent pas sur cette question: est-il profitable d'avoir un ou une BFF? Faut-il placer toute sa confiance, tous ses sentiments et tous ses espoirs en une seule et même personne, ou vaut-il mieux multiplier les perspectives et assurer ses arrières en cas de défaillance ou d'indisponibilité? En tout cas, la notion de «meilleur» ou de «meilleure» n'est jamais loin: on compare les relations, qu'on le veuille ou non.
L'affection d'une partie d'entre nous pour les duos amicaux est en grande partie due à ce que la culture populaire nous a apporté lors des dernières décennies. Le cinéma et les séries, tout comme la littérature, ont tenté d'insuffler une dimension romanesque et romantique au sein des amitiés décrites. Et donc de privilégier le chiffre 2.
Selon l'autrice Barbara Caine, autrice de Friendship: A History, la notion de «meilleur ami» ou de «meilleure amie» est une invention plutôt récente, puisqu'elle daterait du milieu du XXe siècle. Auparavant, en anglais, les termes «sentimental friends» et «beloved friends» étaient utilisés, à la différence de «best friends».
Floraison récente
Barbara Caine explique qu'après la révolution industrielle, les individus furent bien plus nombreux à pouvoir prétendre à une vie sociale plus riche. Jusque-là, elle était principalement réservée à quelques catégories d'hommes. Mais à ce moment, hommes et femmes ont commencé (à différents degrés) à pouvoir élargir leurs cercles... et c'est ce qui, paradoxalement, en a poussé un certain nombre à vouloir mettre en avant leur relation favorite, leur ami·e de choix. Il ne s'agissait pas encore de parler de BFF, mais l'idée était là.
Dans la culture populaire, l'expression ne semble être apparue que dans le courant des années 1970, que ce soit en psychologie, en fiction, en musique ou encore dans la publicité.
Elle s'est depuis largement démocratisée dans tous les domaines, tout en continuant à être contestée. Car y a-t-il vraiment besoin d'établir une hiérarchie et/ou de la crier sur tous les toits, comme s'il fallait à tout prix que le monde sache? Sans doute faudra-t-il en parler tôt ou tard avec votre psy.