L'époque où des collègues de travail se disputaient de vive voix est quasiment révolue. Un simple message tapé à la hâte sur le logiciel de messagerie Slack permet maintenant d'exprimer sa colère. Mais s'il peut être parfois délicat de dire ouvertement que l'on n'approuve pas un confrère, des moyens subliminaux permettent de l'exprimer. D'ailleurs, certains émojis endossent très bien ce rôle.
Si vous ne faites pas partie de la génération Z, il est probable que vous utilisiez régulièrement l'émoji «pouce en l'air». Mais méfiez-vous, comme l'explique le New York Post, cette émoticône tend à devenir la marque d'une certaine arrogance, voire, pire, être synonyme d'affront. Après avoir été qualifié de «passif-agressif» par la génération Z, le pouce levé est maintenant perçu comme un roulement des yeux numérique dans le cadre professionnel.
«Si j'ai pris le temps d'écrire un message réfléchi, utilisez des mots pour me répondre. Se contenter du strict minimum atteste d'un manque d'investissement dans la discussion», témoigne Kim Law, une assistante sociale de 25 ans. Limiter son utilisation pourrait donc vous éviter bien des soucis. Sauf si votre but est de faire passer un message tout sauf chaleureux.
Dans ce cas, attention: votre objectif pourrait bien échouer auprès d'employés plus âgés. Ces derniers utilisent davantage cet émoji dans les tchats pour signaler leur approbation ou affirmer leur bonne compréhension d'une consigne donnée. Utiliser le pouce en l'air pour désapprouver un aîné ne produira donc pas l'effet escompté, bien au contraire. Tout est en réalité question de génération.
La communication à
l'ère du numérique
Outre le pouce levé, d'autres émojis peuvent être perçus comme hostiles. Entre autres, l'émoticône «yeux» peut déclencher une querelle au sein d'une entreprise. Si certains l'utilisent pour dire «Je regarde ça», d'autres l'emploient pour lancer un regard de travers. Ou encore, pour insinuer qu'ils attendent une réponse (très) rapidement. De quoi renforcer un peu plus l'animosité entre collègues.
Les firmes optent de plus en plus pour les modèles de travail hybrides. Mais bien que leurs avantages soient clamés haut et fort, ils ne sont pas sans faille: on le voit, la communication entre employés est brouillée. Lorsqu'une personne envoie un émoji ou un message, le destinataire ne peut pas entendre le ton de son interlocuteur ni apercevoir ses expressions faciales. Le texte peut donc être injustement interprété. De cette façon, certaines émoticônes qui semblent inoffensives au premier abord peuvent déboucher sur une dispute.
«Les employés expriment plus librement leurs désaccords lorsqu'ils utilisent les canaux de messagerie que lorsqu'ils sont au bureau. Cet outil imite les réseaux sociaux, donc les travailleurs tendent à imiter le comportement des utilisateurs de ces plateformes», expose Anil Dash, dirigeant de la plateforme de collaboration Glitch.
Si embrouille ou incompréhension il y a, vous pouvez en tout cas toujours essayer la technique d'Alison Weissbrot, du magazine Campaign: un petit «Oups» assorti d'un émoji grimaçant. Qui ne tente rien n'a rien.