Au pied de l'Acropole, le flux de touristes est continu, que ce soit en basse ou en haute saison, où l'on comptait un pic estival avec près de 16.000 visiteurs gravissant chaque jour les pentes du site antique.
Cette année, le secteur touristique athénien a défié toutes les attentes, et devrait enregistrer plus de 18 milliards d'euros de recettes, pour près de 30 millions de visiteurs, ce qui représente près de trois fois la population totale du pays.
En dépit de la pandémie de Covid-19, qui a notamment condamné le tourisme chinois, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui avait stoppé les réservations en février 2022, et de l'irruption impromptue de méduses pélagiques dans les eaux grecques due au dérèglement climatique, les recettes sont inespérées, et la Grèce est devenue la troisième destination touristique la plus populaire du monde. Pour autant, ce tourisme de masse en pleine expansion n'est pas sans conséquences.
Dans les rues de Plaka, qui borde l'Acropole de ses multiples échoppes destinées aux touristes, les commerçants n'ont jamais aussi bien marché, mais sont conséquemment rompus: «S'il y a une chose que nous voulons, c'est qu'ils rentrent chez eux maintenant. Nous sommes tous épuisés, alors même que la direction emploie du nouveau personnel», lâche Anna Simou, qui travaille dans un magasin de design grec contemporain dans le quartier.
Trouver un équilibre
Si Athènes était auparavant surtout considérée comme une voie de transit vers les îles, plus de 7 millions de touristes s'y sont rendus en 2022, et cette concentration inquiète les pouvoirs publics, qui cherchent un moyen de répartir plus équitablement l'industrie touristique sur tout le territoire.
Mais l'explosion du tourisme de masse suscite surtout des inquiétudes face à la conservation des sites antiques, qui doivent absorber des foules de visiteurs, et adapter leurs infrastructures à mesure.
Au total, la Grèce compte dix-huit sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco, et doit trouver un équilibre entre la protection de ses monuments historiques, et le développement de ces derniers à des fins touristiques.
En 2020, la fameuse Acropole avait déjà été au centre d'une controverse, alors que le gouvernement avait fait installer des allées en béton ainsi qu'un ascenseur pour améliorer l'accessibilité du site à tous les visiteurs.
«Les voyants rouges clignotent, assure Peter DeBrine, principal conseiller de l'Unesco en matière de tourisme. Nous devons commencer à nous demander ce qui est trop, et 16.000 visiteurs qui encombrent chaque jour un monument comme l'Acropole, c'est beaucoup trop.»
Selon DeBrine, il devient impératif d'adopter des mesures de capacité sur les sites les plus populaires, et de mettre en place un tourisme durable. «Ce qu'il faut, c'est une approche radicalement différente, qui commence par les consommateurs mais s'étend à la gestion du tourisme et du patrimoine. Il est clair que les autorités doivent prendre des mesures pour désengorger les sites du patrimoine mondial si l'on veut assurer leur conservation, et faire en sorte que l'expérience touristique ne soit pas dégradée.»
La vente exclusive de billets en ligne et la tarification par saison constitueraient selon DeBrine un moyen de réduire le surtourisme.