Si on vous parle d’une soirée dansante autour de la thématique de la foule réunissant trois DJ mixant simultanément, que vous figurez-vous? Encore une soirée en club dont vous sortirez compressé, la voix brisée d’avoir dû hurler par-dessus les vibrations de la musique pour vous faire entendre de votre voisin et où vos oreilles bourdonneront jusqu’à la semaine suivante d’acouphènes douloureux? Certainement pas avec l’édition d’automne des soirées Silencieuses 2022, organisée à la Cité des sciences et de l’industrie le 27 octobre de 20h à minuit.
Casques sur mesure
Né lors du célèbre festival de Glastonbury en Angleterre dans les années 90 et largement importé ensuite aux Pays-Bas, en Allemagne, en France et aux Etats-Unis, ce concept de «silent parties» permet de se déchaîner sur la piste de danse, sans pour autant faire exploser les décibels chez les voisins.
Chaque participant.e est muni.e d’un casque sans fil à visser sur ses oreilles et, en choisissant entre trois canaux de diffusion différents, peut commencer à se déhancher sans complexes dans le silence apparent le plus absolu.
Le son est entièrement modulable pour plus de confort auditif. Et ce n’est pas du luxe quand on sait que nos oreilles d’homo sapiens du XXIème siècle sont particulièrement abîmées par une trop grande exposition au bruit lors des concerts ou par des écouteurs souvent mal réglés.
DJs de renom
Pour vérifier que la quête de la fréquence parfaite n’empêche pas l’ambiance d’être au rendez-vous, trois DJ de renom vont régaler en direct les conduits auditifs des fêtards curieux de sensations nouvelles.
L’illustre importateur des fêtes muettes en France, le producteur Mums se mettra bien évidemment derrière les platines tandis qu’un autre habitué des soirées Silencieuses, DJ Eddy Flex fera résonner un set aux influences éclectiques et inventives.
Sur la dernière fréquence, on aura le plaisir de retrouver Sidney, vétéran incontesté des nuits parisiennes, ancien animateur star d’une émission consacrée au Hip-hop dans les années 80 sur TF1 et pionnier de la diffusion des musiques noires en France.
Crédit photo: R. Thenaday - EPPDCSI
Emportés par la foule
Un agrégat de danseurs évoluant à des rythmes différents, semblant suivre une voix intérieure qu’ils sont seuls à entendre, s’accorde parfaitement à la thématique de la nouvelle exposition Foules à la Cité des sciences et de l’industrie.
Transformés en foulologues émérites, les visiteurs pourront observer les comportements des groupes et leurs interactions en fonction de la densité humaine au mètre carré. Et quoi de mieux qu’une piste de danse improvisée pour se plonger avec enthousiasme dans une étude pratique?
D’autant plus que, depuis la pandémie du coronavirus et ses confinements, restrictions et interdictions successifs, les notions de foule et de plaisir du collectif ont été grandement mises à l’épreuve. Alors, autant tout oublier sur la piste en poussant de grands cris de joie fédérateurs audibles par tous en l’occurrence!
Une nuit au musée
Passer une nuit au musée est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir autrement la Cité des sciences et de l’Industrie et d’accéder aux contenus de l’exposition. Des médiateurs scientifiques seront présents pour animer cette expérience sur mesure et vérifier l’impact des décisions collectives. Ôtez donc votre casque une quarantaine de minutes pour y participer.
Ou tout simplement pour contempler le spectacle quasi-performatif et touchant de vos congénères festoyeurs laissant uniquement le bruit de leurs pas et du battement irrégulier de leurs mains résonner dans la Cité.
Une façon originale et insolite de se faire analyste de nos drôles de sociabilités contemporaines avant de se laisser de nouveau silencieusement…. emporter par la frénésie contagieuse de la foule!
Crédit photo illustration: R. Thenaday - EPPDCSI