Si vous êtes inquiet à l'idée que quelqu'un vous observe travailler (ou effectuer tout autre chose qui ne regarde que vous), vous avez peut-être déjà pensé à mettre un cache sur la caméra de votre ordinateur. Mais est-ce vraiment nécessaire pour préserver votre vie privée? Dans un article du HuffPost, des experts en sécurité technologique se prononcent sur son utilité contre un piratage informatique.
Si vous avez appris que James Comey, ancien directeur du FBI et Mark Zuckerberg, directeur général de Meta, utilisent un cache pour leur caméra, vous avez de quoi vous poser la question. D'après les experts, il existe très peu de raisons légitimes justifiant le besoin d'avoir une protection, hormis «si vous avez tendance à laisser votre caméra allumée par inadvertance», précise Jonathan Young, vice-président associé de Vantage Technology Consulting Group.
Michael Covington, vice-président de la stratégie de portefeuille chez Jamf –plateforme de gestion des appareils Apple– partage cet avis: «Le cache permet à l'utilisateur de garder le contrôle si l'appareil photo s'allume accidentellement en raison d'un bug, ou si les développeurs d'applications capturent ou volent des données via l'autorisation de la caméra.» Il est ici question de sécurité, au-delà même de la prévention d'un éventuel embarras.
Quelques réflexes à adopter
Toutefois, tous ne se rallient pas cette opinion. «Les caches ne sont d'aucune utilité en matière de confidentialité, mais ils ont un intérêt mineur pour préserver l'objectif de la poussière», ironise Nizel Adams, propriétaire de Nizel Corp –société de conseil en technologies de l'information. «Je comprends la paranoïa, personne n'aime se sentir vulnérable, mais cela fait plus de vingt ans que je travaille dans ce secteur, et je sais que la grande majorité des administrateurs informatiques n'ont pas la moindre idée de la façon d'accéder à la webcam de quelqu'un à distance, et encore moins sans que le voyant ne s'allume», affirme-t-il.
L'expert se montre rassurant. D'après ses dires, en prenant des mesures préventives adéquates, les chances d'être espionné par le biais de votre caméra sont minces, voir nulles. Nizel Adams avance que «même si un pirate a connaissance de votre mot de passe, il aura besoin de davantage d'informations pour accéder à votre écran, telles que l'adresse IP externe du réseau, celle de l'ordinateur, et un numéro de port ouvert». Avec l'ensemble de ces données, l'accès à distance pourrait être activé, et encore. «Étant donné que de nombreux systèmes informatiques désactivent automatiquement cette fonctionnalité, le pirate devrait vous inciter à installer un logiciel pour y accéder», conclut-il. À vous, dans ce cas, d'avoir la jugeote de refuser l'installation.
Pas besoin, donc, d'un cache pour préserver votre intimité, mais des mesures de sécurité appliquées au quotidien peuvent être un bon compromis. Pour commencer, un pare-feu est (quasi) essentiel pour gagner en quiétude et vous aider à dormir sur vos deux oreilles.
En ce qui concerne les bons réflexes à adopter, vérifiez que votre caméra n'est ni allumée avant, ni après son utilisation. «Pensez à désactiver la vidéo par défaut dans les applications de visioconférence, et privilégiez l'activation manuelle à chaque fois», conseille le propriétaire de Nizel Corp.
Enfin, des basiques qu'il est toujours bon de rappeler: ne pas ouvrir les pièces jointes ou liens inopinés et utiliser un mot de passe complexe mêlant lettres minuscules, majuscules, chiffres et caractères spéciaux, comme le recommande Nizel Adams.
Et si après ça vous flippez toujours, optez pour un cache. Après tout, en mettre un n'a jamais tué personne.