C'est un petit pas pour les poumons humains, mais possiblement un grand pas pour la conquête spatiale: la NASA vient de confirmer que, depuis la planète Mars, elle était parvenue à produire une quantité d'oxygène suffisante pour permettre à un astronaute de respirer pendant cent minutes.
Baptisé Moxie (pour «Mars Oxygen In-Situ Resource Utilization Experiment»), le dispositif utilisé a été envoyé sur la planète rouge en février 2021 en compagnie de l'astromobile Perseverance, explique New Scientist. L'expérience menée récemment a permis d'aboutir à des résultats satisfaisants: Moxie a produit quinze minutes d'oxygène par heure sur un total de sept heures. De quoi dépasser la centaine de minutes.
«C'est un brillant succès», résume Michael Hecht, de l'Institut de technologie du Massachusetts, qui a contribué à mener cette expérience. Les équipes à l'origine du projet se félicitent d'autant plus des résultats obtenus qu'elles n'ont pas hésité à compliquer volontairement les conditions de fabrication de cet oxygène. Or, même en soumettant Moxie à des températures extrêmes ou à une tempête de sable, c'est un oxygène d'une absolue pureté qui a été produit.
Moxie est notamment composé de pompes et de compresseurs qui aspirent le dioxyde de carbone martien, ainsi que d'un système permettant de faire monter la température de l'air jusqu'à environ 800°C. Les atomes d'oxygène peuvent alors être extraits du CO2.
Déploiement immédiat
L'expérience, voulue comme modeste dans un premier temps, devrait être déployée dans les mois et les années à venir. La NASA entend fabriquer des versions de plus grande envergure afin d'accroître la quantité d'oxygène produite. L'objectif est non seulement d'alimenter une équipe d'exploration humaine sur tout son séjour, mais aussi de pouvoir utiliser cet oxygène à des fins de propulsion, et ainsi de permettre le voyage retour vers la Terre.
Reste que l'expansion du projet ne sera pas une simple formalité. Pour Gerald Sanders, du Centre spatial de Houston, l'une des difficultés consistera à gérer la température interne des machines qui succèderont à Moxie, et de s'assurer que celle obtenue soit uniforme. Dans le cas contraire, l'engin risque fort de se briser sous l'effet du choc thermique.
En outre, subvenir aux besoins en oxygène d'une mission humaine nécessiterait une fabrication sans interruption pendant environ quatre-cents jours; or, jusqu'ici, les phases de production n'ont jamais duré plus d'une heure. L'expédition de telles machines n'est pas non plus à négliger: Moxie avait l'avantage d'être d'une taille relativement réduite. Mais la nouvelle génération de machines à oxygène ne devrait pas dépasser un volume d'un mètre cube, ce qui pourrait donc limiter les problèmes.