Opérations annulées, rendez-vous reportés et transferts de patients: depuis trois semaines, les records de chaleur enregistrés en Grande-Bretagne ont gravement affecté le fonctionnement des principaux hôpitaux londoniens.
Le Guy's et le St Thomas' Hospital de Londres, deux des principaux hôpitaux du pays, ont vu leurs systèmes informatiques tomber en panne à cause de la canicule, laissant craindre au personnel soignant un impact considérable du dérèglement climatique sur le système hospitalier et ses centres de données à long terme.
La panne survenue le 19 juillet, n'a été que partiellement résolue au bout d'une semaine et demie, avec la relance des principaux systèmes informatiques, mais les travaux pour récupérer les données (principalement des informations médicales et financières) se poursuivent toujours.
Chaos médical
Sans accès aux dossiers des patients, c'est le travail du personnel soignant qui a été considérablement entravé: «Nous volions à l'aveugle. Obtenir les résultats des laboratoires était un véritable cauchemar et impliquait que de gens fassent des aller-retours vers le laboratoire en transportant des bouts de papier. Or, souvent, les gens ne précisaient pas où se trouvait le patient dans l'hôpital. Il y avait donc des groupes de porteurs et de personnel de laboratoire qui erraient dans l'hôpital à la recherche d'un patient au hasard. C'était le chaos», décrit un médecin senior de l'hôpital St Thomas.
En l'absence des dossiers numériques, le contrôle des données, qui permet habituellement de limiter les erreurs médicales, n'a pas non plus pu être effectué, et aucune mise à jour des dossiers des patients n'a pu avoir lieu depuis la panne. En l'état, toute demande non-urgente d'analyses sanguines, de radiographies ou d'examens d'imagerie ne peut plus être traitée.
Cercle vicieux
Déjà l'an dernier, le conseil d'administration des deux hôpitaux avait été prévenu que les systèmes informatiques n'étaient pas assez performants et que plusieurs systèmes arrivaient en fin de vie.
Georges Zervas, du département d'ingénierie électronique et électrique du University College London, considère qu'avec le réchauffement climatique, «les systèmes d'alimentation et de refroidissement doivent être beaucoup plus efficaces et résilients». Mais l'expansion continue des centres de données joue également un rôle dans le réchauffement de la planète: «D'ici 2030, on prévoit que les centres de données du monde entier consommeront la même quantité d'énergie que l'ensemble de l'Europe aujourd'hui, ce qui est énorme.»
Selon lui, l'urgence est désormais de «trouver des moyens de calculer, de stocker et de communiquer davantage de données en consommant beaucoup moins d'énergie qu'aujourd'hui».