Un article récent du New York Times se fait l'écho d'une récente étude réalisée au sujet du langage parental utilisé comme moyen de communication avec les nouveau-nés.
1.615 enregistrements vocaux parlés et chantés par 410 voix adultes en 18 langues ont été récoltés sur les six continents. Les participants étaient issus de diverses communautés allant des chasseurs-cueilleurs de Tanzanie aux citadins de Pékin: rurales, urbaines, isolées, cosmopolites, reliées à internet ou pas, etc. Les données ont été collectées et analysées par plus de quarante scientifiques, et les résultats publiés dans la revue Nature Human Behavior.
Il en ressort que la manière de parler des parents face à leur bébé est similaire partout, peu importe d'où viennent les adultes. En effet, selon cette étude, le langage parental s'affranchit des forces culturelles et sociales. «Je suis probablement l'auteur qui a publié le plus grand nombre d'articles sur ce sujet, et cette étude m'a complètement bouleversé», commente Greg Bryant, un spécialiste des sciences cognitives de l'université de Californie à Los Angeles, qui n'a pas pris part à cette nouvelle recherche. «Partout où vous allez dans le monde, là où les gens communiquent avec les bébés, vous entendez des sons similaires», ajoute-t-il.
Un son propre dédié aux bébés
Les sons à la fois intelligibles et plus aigus que d'habitude que produit la voix d'un adulte lorsqu'il s'adresse à un nouveau-né sont essentiels au développement des fonctions vitales du bébé. Par exemple, le langage parental aide certains nourrissons à mieux mémoriser les mots et peut les conduire à associer ces différentes sonorités pour donner un sens au chaos qui les entoure. «Vous pouvez pousser de l'air dans votre conduit vocal, créer ces tons et ces rythmes, et c'est comme si vous donniez un analgésique au bébé», explique Samuel Mehr, psychologue et directeur du Music Lab des laboratoires Haskins.
Par ailleurs, 50.000 personnes originaires de 187 pays et représentant 199 langues ont été invitées à déterminer si une chanson ou une discussion s'adressait à un bébé ou à un adulte. Les résultats sont probants: le langage parental se différencie de celui adressé aux adultes sur onze aspects, telle que la tonalité de la voix. 70% des auditeurs ont été capables de reconnaitre que le discours ou la chanson s'adressait à un bébé sans pour autant comprendre la langue d'origine. «Le style de la musique et la langue du discours étaient différents; mais la vibration restait commune», selon Caitlyn Placek, anthropologue à l'université Ball State. «L'essence du langage parental proviendrait alors des vibrations de notre voix», conclut-elle.