Charles Darwin, célèbre naturaliste dont la théorie de l'évolution est désormais constitutive de la biologie moderne, prenait déjà les girafes au XIXe siècle comme exemple de la sélection naturelle. Selon lui, les individus de cette espèce qui avaient les plus longs cous se nourrissaient plus facilement en attrapant la nourriture sur les hautes branches. Cet avantage les aurait conduits à se reproduire davantage jusqu'à ce que le long cou devienne constitutif de l'espèce.
Seulement aujourd'hui, rapporte Smithsonian Magazine, une explication complémentaire à celle-ci a émergé. Une équipe de paléontologues et de paléobiologistes vient de publier une nouvelle étude dans le magazine Science, qui suggère que le cou allongé des girafes pourrait aussi être dû au résultat de compétitions intenses entre les individus se disputant des partenaires sexuels.
En 1996, étaient découverts en Chine des crânes inhabituels et des restes de vertèbres cervicales, qui auraient appartenu à un ancêtre indirect ou cousin des girafes. Pendant longtemps, les scientifiques ont appelé cet étrange animal «guài shòu» («bête étrange»). Ils viennent de lui attribuer un nom officiel: «Discokeryx xiezhi» et ont reconstitué ce à quoi il pouvait ressembler il y a environ 16,9 millions d'années.
Un cousin bagarreur
Le Discokeryx xiezhi vivait dans ce qui est de nos jours le nord de la Chine, et se nourrissait de plantes feuillues. Vous pouvez vous faire une idée de son apparence sur le site de Smithsonian Magazine: de la taille d'un gros mouton, il possédait un crâne très robuste et des vertèbres épaisses. Les chercheurs supposent qu'il les utilisait pour se battre; et peut-être ses articulations de la tête et du cou étaient-elles les plus solides et les plus complexes de tous les mammifères.
En le comparant aux bœufs musqués et à des types de moutons qui utilisent tous leur tête pour lutter, les scientifiques ont déduit que ce girafidé aurait probablement pu tous les battre.
Cette découverte permet de repenser les hypothèses sur la raison d'être d'un cou si allongé chez les girafes modernes. Les mâles de cette espèce n'utilisent pas vraiment leur crâne aujourd'hui pour se battre mais leur cou, dans la même perspective de compétition sexuelle que leurs cousins. Ce type d'affrontement pourrait donc être un facteur de l'évolution de leur cou.
Cela n'explique pas, cependant, si l'on considère l'hypothèse de la lutte pour les partenaires sexuels entre mâles, pourquoi les femelles ont aussi de si longs cous. C'est la raison pour laquelle les scientifiques pensent qu'il existe une multitude de facteurs explicatifs de cette évolution. Selon Rob Simmons en tout cas, biologiste et écologiste à l'Université du Cap, «si Darwin était vivant, il serait renversé par les avancées de la recherche évolutive».