Un mélange d'eau salée et de poussière locale: telle devrait être la composition des briques qui pourront permettre de construire des bâtiments sur la Lune ou sur Mars. Les briques en question seront largement capables de supporter la pression des lieux, comme l'explique New Scientist.
Des recherches menées à l'université de Floride ont permis d'aboutir à cette conclusion: il sera possible et même souhaitable d'utiliser la régolithe, partie du sol recouvrant la roche-mère des planètes et des satellites naturels, afin de produire des briques. Pour ce faire, l'équipe de Ranajay Ghosh a travaillé avec des poussières synthétiques ressemblant de très près à celles pouvant être trouvées sur Mars ou sur la Lune.
Cuites à 1200 degrés Celsius, les briques les plus résistantes sont capables de supporter une pression de 25 millions de pascals, soit 250 fois plus que dans l'atmosphère terrestre. Reste un problème de taille: comment parvenir à cuire de telles briques sur place? Selon Ranajay Ghosh, interrogé par New Scientist, il faut plancher sur un modèle de four à énergie solaire. Mais cette idée reste à développer.
Le sang et l'urine pour compenser l'eau
Ce projet de construction sur sol non terrestre présente aussi d'autres problèmes: selon Alan Whittington, de l'université de San Antonio (Texas), l'eau se fera relativement rare sur place, et devra donc être utilisée en priorité pour les cultures et la consommation directe par les êtres vivants. Il n'est donc pas certain que la construction de briques à base d'eau salée soit tout à fait indiquée, ou en tout cas prioritaire. En outre, la puissance disponible pour faire tourner les machines (et notamment les fours) sera limitée, ce qui constitue une autre contrainte non négligeable. L'énergie solaire pourra-t-elle tout résoudre?
En 2021, New Scientist avait publié un autre article dans lequel il était question que les astronautes puissent avoir recours à leur sang et à leur urine, à mélanger avec des composants trouvés dans les sols des astres visités, afin de produire un béton capable lui aussi de résister à de hautes pressions. S'il n'est pas certain que cela permette de construire des bâtiments gigantesques, une telle recherche avance dans le même sens: pour pouvoir construire et vivre sur Mars ou ailleurs, il faudra avant tout composer avec des éléments disponibles sur place.