Les docteures galloises Lisa de Rijk et Rhian Price sont conseillères en psychothérapie et spécialistes d'un traitement américain développé à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Depuis que l'invasion russe en Ukraine a commencé, le binôme a décidé d'apporter son aide à des thérapeutes ukrainiens pour soigner les syndromes de stress post-traumatique. La BBC s'est intéressée au projet.
Après qu'un psychothérapeute polonais résidant en Ukraine a appelé à l'aide pour faire face à la violence psychologique de la guerre, Lisa de Rijk a pris sa décision: «C'était le meilleur cadeau qu'on pouvait leur faire.» La spécialiste a décidé de réunir une équipe de onze thérapeutes anglais, nord-irlandais, gallois, polonais et américains, tous formés au traitement appelé «Reconsolidation of Traumatic Memories» (ou RTM). Il permet de séparer en partie les émotions traumatisantes des souvenirs, dans un processus de reconstruction de ces derniers sous une forme moins violente. Le but est notamment de diminuer la fréquence et l'intensité des cauchemars ou des flashbacks.
Une formation intensive
Vingt-huit thérapeutes ukrainiens ont pu bénéficier gratuitement d'une formation intensive de trois jours. Lisa de Rijk raconte: «Le premier jour, ils étaient tous très pâles, avaient l'air complètement choqués et ne montraient aucune émotion. On a travaillé avec eux et à la fin, on a pu voir la chaleur revenir, ils avaient retrouvé leur identité de professionnels et étaient prêts à retourner à leur quotidien avec les clés pour aider leurs compatriotes.»
Rhian Price utilise le traitement RTM, développé par le psychothérapeute américain Franck Bourke, dans son travail quotidien à Bangor, dans le Maine. Selon elle, l'équipe n'a pas partagé d'expériences personnelles ni individuelles, mais «à la fin, quand on se disait au revoir, les participants ont commencé à parler de ce qui leur était arrivé». Certains d'entre eux ont déjà commencé à aider d'autres personnes, notamment celles qui habitent dans l'est de l'Ukraine et qui vivent la pire expérience du conflit.
Des chercheurs du King's College de Londres ont commencé à travailler sur la manière dont ce projet pourrait mener à d'autres programmes similaires d'assistance. Lisa de Rijk explique: «Nous voulons montrer que nous avons étés capables de former des personnes en pleine guerre, que c'est efficace et que ça peut se faire sans aucune dépense avec des volontaires.»