Depuis le début de la guerre en Ukraine, les vols entre la Russie et Dubaï vont bon train. Parmi les passagers, nombreux sont les oligarques russes qui cherchent à échapper aux sanctions économiques appliquées par l'Occident: aux Émirats arabes unis, les fortunes des proches de Vladimir Poutine sont les bienvenues.
Aucune sanction ne s'y applique contre les ressortissants russes, et d'autant moins quand ils font tourner à plein régime les industries du luxe. D'après l'Observer, «les transactions, allant de la vente de propriétés d'élite aux baux, sont en grande partie effectuées à l'aide de crypto-monnaies, mais certaines ont été des transferts directs d'entités financières russes liées à des magnats sanctionnés». Une manière de court-circuiter la riposte des États-Unis et de l'Union européenne face à l'invasion de l'Ukraine initiée par Vladimir Poutine, et d'attirer de nouveaux investisseurs dans la monarchie pétrolière.
Selon les agents immobiliers dubaïotes, les marchés haussiers n'ont jamais connu un tel pic: «Une quantité notable d'investisseurs russes achètent des unités. Même pour les locataires; nous avons eu une énorme quantité d'appels. Ils transfèrent leurs fonds par crypto. Ils ont un intermédiaire qui le fait pour eux et ensuite l'argent est transmis aux propriétaires», raconte un consultant en location de Dubaï Marina, l'un des quartiers résidentiels les plus huppés de l'émirat.
Une rumeur s'est répandue dans le milieu: le milliardaire et ex-propriétaire du Chelsea Football Club, Roman Abramovitch, qui fait l'objet d'une attention particulière dans l'UE, serait à la recherche d'un point de chute, lui qui a fait de nombreux allers-retours en jet dans la région et dont le yacht est amarré dans le Golfe.
Discrétion de rigueur
Les nouveaux investisseurs russes restent discrets, et passent par des sociétés intermédiaires. Cette discrétion est partagée par les banquiers des Émirats arabes unis, placés sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Sur les 80 employés moscovites de la banque américaine Goldman Sachs, qui a cessé ses activités en Russie, près de la moitié ont déjà déménagé à Dubaï. Même dynamique chez JP Morgan et Rothschild, dont une partie des employés est en train de migrer vers la monarchie pétrolière.
Trente jours suffisent pour obtenir un permis de résidence et un compte bancaire après l'enregistrement d'une société aux Émirats, et l'achat d'une villa de luxe (dans les 1,5 million d'euros) permet d'obtenir la résidence permanente.