Parents & enfants / Sciences

Les enfants conçus par PMA font-ils des adultes plus heureux que les autres?

Temps de lecture : 2 min

Pour la première fois, une étude s'est penchée sur la qualité de vie des bébés-éprouvette devenus grands, et les nouvelles sont plus que rassurantes.

Il se pourrait que les bébés-éprouvette devenus grands aient tiré profit d'un bonus d'investissement parental. | Hybrid via Unsplash
Il se pourrait que les bébés-éprouvette devenus grands aient tiré profit d'un bonus d'investissement parental. | Hybrid via Unsplash

La santé physique et le développement des enfants et des adolescents conçus par des techniques de procréation assistée (PMA) sont au cœur d'un bon petit paquet d'études. Par «PMA», on entend toutes les interventions exigeant la manipulation in vitro d'ovocytes et de spermatozoïdes humains ou d'embryons à des fins de reproduction –soit ceux qu'on appelle couramment des «bébés-éprouvette» et qu'on estime, depuis l'apparition de la biotechnologie en 1978, à environ 8 millions d'individus dans le monde, soit grosso modo la population de la Suisse.

Pour en résumer les grandes tendances, ces études montrent que la conception par PMA est associée à des risques accrus d'anomalies congénitales, de prématurité et de faible poids à la naissance qui, à leur tour, augmentent le risque de retard de développement neurologique. Reste que les observations sur la santé physique des enfants conçus par PMA sont globalement bonnes, avec cependant de petits points noirs sur le plan de leur santé cardiovasculaire et métabolique.

En revanche, on en savait beaucoup moins sur la qualité de vie des adultes conçus par PMA. Une étude aussi significative que rassurante vient de combler cette lacune: non seulement les bébés-éprouvette devenus grands ne vont pas plus mal que les autres, mais il se pourrait bien qu'ils tirent profit d'un bonus d'investissement parental généré par le recours à des techniques de reproduction assistée.

Bonus de qualité de vie

Publiée dans le prestigieux journal Human Fertility, cette étude porte sur 193 individus conçus par PMA, comparés à 86 autres venus au monde par les bonnes voies naturelles. Tous ont été suivis de 18 à 28 ans et de 22 à 35 ans par des protocoles standardisés et validés par l'Organisation mondiale de la santé visant à mesurer leur qualité de vie sur quatre points: physique, psychosocial, relations sociales et environnement. Tous les participants avaient vu le jour en Australie, dans l'État de Victoria.

En plus du mode de conception, l'équipe de recherche dirigée par Karin Hammarberg, de l'Université Monash, s'est penchée sur plusieurs caractéristiques des participants:

  • l'âge de leur mère à leur naissance
  • leur orientation sexuelle (hétéro/homo/bi/incertain)
  • leur situation financière familiale lorsqu'ils étaient au collège (vie très confortable/confortable/modeste/assez difficile/très difficile)
  • l'évaluation subjective de leur poids (très en surpoids/un peu en surpoids/à peu près le bon poids/un peu insuffisant/très insuffisant)
  • leur nombre d'amis proches (1-2/3-5/6 et plus)
  • la fréquence de leurs activités physiques d'intensité «vigoureuse» (jamais/quelques fois par an/mensuelle/2-3 fois par mois/hebdomadaire/2 fois ou plus par semaine)
  • la qualité de la relation avec leurs parents, notée de 0 à 10 (de 0, vraiment mauvaise à 10, absolument parfaite).

Il en ressort que le fait d'avoir été conçu par une méthode de PMA peut conférer un bonus de qualité de vie à l'âge adulte, et ce indépendamment de facteurs psychosociaux connus. En particulier, cet avantage se traduit par moins de détresse psychologique, une meilleure relation avec ses parents, une meilleure situation financière et le sentiment de peser ce qu'il faut entre 18 et 28 ans.

Selon les chercheurs, il est possible que le recours à la PMA génère davantage d'investissement parental et notamment l'adoption d'un style éducatif «autoritaire», se caractérisant à la fois par des attentes élevées envers les enfants, mais aussi par davantage de présence et de soutien. Un mode d'éducation familiale que l'on sait par ailleurs associé à une moindre prise de risques et à une meilleure adaptation psychosociale à l'adolescence que d'autres styles parentaux plus libertaires.

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