Lorsqu'il est question de comportement, la manière dont un père et une mère élèvent leurs enfants importe largement moins que leurs gènes. Et pour couronner le tout, ces gènes n'ont pas forcément la même influence selon qu'on les a hérités du côté masculin ou féminin de nos parents.
Découvert dans les années 1980, ce phénomène dit de l'«empreinte génomique» montre qu'au moment de la fécondation, mâles et femelles «marquent» certains gènes de leur spermatozoïde et de leur ovule, de sorte qu'une fois la fusion des gamètes effectuée, les effets de ces gènes vont dépendre du parent (et donc du sexe) qui l'a transmis. En d'autres termes, un gène ne va pas se comporter de la même manière selon qu'il a été hérité de la mère ou du père. Et pour le résumer à très gros traits, c'est comme si les gènes «savaient» de quel côté ils étaient issus et cherchaient à brider activement ceux de l'autre pour qu'ils n'influencent pas notre développement. Ce qui est d'autant plus intéressant que la plupart de ces gènes dits «à empreinte» sont impliqués dans celui du cerveau.
Des priorités parentales différentes
Un sillon que creuse une étude publiée le 8 mars dans Cell Reports. Menée sur des souris par l'équipe de Christopher Gregg, professeur associé au département de neurobiologie de l'Université de l'Utah, elle observe que chaque parent a son propre impact sur les hormones et autres messagers chimiques contrôlant l'humeur et le comportement.
En l'espèce, certains groupes de cellules dans le cerveau dépendent exclusivement de la copie maternelle d'un gène nécessaire à la production des neurotransmetteurs, les fameux messagers chimiques essentiels. Dans ces cellules, la copie paternelle du gène reste désactivée. En revanche, dans un autre organe, la glande surrénale, certaines cellules favorisent la copie paternelle du même gène. Dans ce cas, le gène est impliqué dans la production de l'hormone du stress, l'adrénaline.
Une fois cette variation dans le contrôle parental d'un seul gène identifiée, l'équipe de Gregg a pu démontrer ses conséquences sur le comportement. Et ils ont constaté que le gène de chaque parent affectait différemment les fils et les filles: certaines décisions chez les fils étant contrôlées par le gène de leur mère, tandis que les pères contrôlaient génétiquement certaines actions de leurs filles.
D'un point de vue évolutionnaire, cette forme de régulation génétique de la décision pourrait refléter des priorités parentales différentes. De fait, en tendance et d'autant plus chez les rongeurs, les deux sexes n'ont pas les mêmes types d'intérêts. Les filles ont besoin de savoir bien élever des portées. Les fils, de se disperser dans de nouveaux environnements. Par conséquent, il peut être dans l'intérêt génétique des parents d'influer différemment sur le comportement de leur progéniture en fonction de leur sexe.