Que ce soit en regardant des films d'horreur, en lisant des romans terrifiants ou en visitant des lieux abandonnés, beaucoup d'entre nous aimons avoir la frousse. En Californie, dans le comté d'Orange, une maison hantée a ouvert ses portes en 2014. The 17th Door attire chaque année des amateurs d'horreur à l'approche d'Halloween. Désormais, elle contribue en plus à la science.
Une équipe de scientifiques a cherché à améliorer la compréhension des systèmes biologiques impliqués dans les différentes réactions de peur chez l'être humain, en prenant pour terrain d'étude cette maison hantée californienne. Menée par Sarah Tashjian, post-doctorante en psychologie à Caltech, ce travail a été publié dans la revue Psychological Science.
Une étude antérieure réalisée en 2020 et menée par Mathias Clasen, de l'Université d'Aarhus, avait mis en évidence deux stratégies de régulation de la peur adoptées par les humains: ceux qui la défient sont les «accros à l'adrénaline» et ceux qui essayent de calmer leurs frayeurs sont les «blancs-knucklers».
Les facteurs contextuels
La maison hantée The 17th Door est le fruit de l'imagination d'un couple, Robbie et Heather Luther. Ses dix-sept pièces renferment chacune un type différent de peur ou de menace. Dans le cadre de l'étude, 156 participants –recrutés parmi les gens qui fréquentaient déjà cette attraction– ont été guidés de pièce en pièce par l'un des employés. Ils ont été confrontés à diverses menaces, certaines induisant de la douleur, «ce qui n'est pas éthiquement autorisé dans les laboratoires», précisent les scientifiques.
L'équipe a identifié trois facteurs principaux qui influencent la façon dont les participants réagissent: la contagion émotionnelle des amis, les sentiments subjectifs de peur et la prévisibilité de la menace. Par exemple, «les pièces qui comprenaient des éléments de surprise inattendus ont suscité des réponses [de peur] plus élevées que celles qui présentaient des alertes», commente Sarah Tashjian dans Ars Technica. Pour ce qui est de l'influence du groupe, les chercheurs ont remarqué une association entre le nombre d'amis qui faisaient l'expérience en même temps et la réponse physique globale du corps au stress et à la peur. Plus un participant avait d'amis avec lui, plus sa réponse physique était élevée. Capter les signaux comportementaux de ses amis amplifierait donc sa propre réaction de peur, notent les scientifiques.
«Cette étude est distincte [des autres déjà menées] parce que nous mesurons de multiples aspects de la conductance cutanée [activité électrique biologique enregistrée à la surface de la peau et reflétant l'activité des glandes sudoripares], y compris les réponses lentes, celles rapides, la fréquence et le niveau de réponses. La plupart des études n'utilisent qu'une seule de ces mesures», écrivent-ils.
Tashjian et ses collègues espèrent pouvoir continuer leurs recherches immersives et examiner comment le contexte social peut influencer la peur.