En France, environ 5 millions de personnes de plus de 12 ans ne seraient toujours pas vaccinées contre le Covid. L'hésitation face à la vaccination engendre parfois la consternation, parfois aussi la volonté de briser ce scepticisme. Mais comment faire?
Une nouvelle étude de Vincent Pons, professeur associé à la Harvard Business School, de Vincenzo Galasso, spécialiste d'économie politique, et de Paola Profeta, professeure en finances publiques, pourrait permettre de comprendre ce qui peut faire changer d'avis ces personnes encore sceptiques face au vaccin. Ils ont constaté que ces individus peuvent en réalité être facilement convaincus si on leur délivre le bon message. Des analyses distinctes ont identifié d'autres facteurs entrant en jeu, comme le fait de voir des personnes vaccinées vivre leur vie sans problème tout en se portant bien ou d'entendre des médecins exposer des faits scientifiques sur l'efficacité du vaccin.
Il existe différents types de non-vaccinés: ceux qui ne se disent pas contre la vaccination mais préfèrent attendre, ceux qui refusent les rappels de vaccin, ceux qui ne veulent pas faire vacciner leurs enfants alors qu'ils sont éligibles et enfin les antivax purs et durs, qui pensent probablement que la 5G a lobotomisé la moitié de la population.
Le bon message
Les chercheurs ont interrogé plus de 6.000 personnes aux États-Unis, dans l'Union européenne, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Lors d'un premier contact en décembre 2020, ils ont évalué les intentions des participants avant que la vaccination ne soit largement disponible, et leur ont demandé d'établir sur une échelle de 0 à 10 leur intention de se faire vacciner. Puis, ils ont tenu un suivi lors de l'été 2021 pour voir comment les gens se comportaient réellement.
Parmi les individus radicalement opposés à la vaccination, un tiers était finalement vacciné six mois plus tard. Que s'était-il passé? Qu'est-ce qui les a convaincus?
Pour certains, les circonstances ont joué, particulièrement les personnes âgées ou à risque. Il en a été de même pour les personnes qui ne souhaitaient pas contaminer leurs proches. Les personnes qui suivaient l'actualité via les médias et qui accordaient leur confiance aux scientifiques étaient également plus susceptibles d'aller se faire vacciner.
Les chercheurs ont expérimenté quatre façons de convaincre leur panel en décembre, pour voir quel serait l'effet six mois plus tard. Les arguments étaient:
- L'autoprotection: en vous faisant vacciner, vous ne risquez pas de contracter des formes graves du virus.
- La protection des autres: avec le vaccin, vous éviterez de contaminer vos proches.
- La protection de la santé publique: en contribuant à la fin de la pandémie, vous aiderez à protéger la santé de votre pays.
- La protection de l'économie: si vous vous faites vacciner, vous contribuerez à un retour de l'activité économique et à réduire le chômage.
Le message d'autoprotection a eu un petit effet positif, mais trop faible pour être considéré comme significatif. En revanche, les trois autres ont eu un impact plus important sur les comportements. Les chercheurs ont noté quelques variations selon les pays: l'argument de la protection de la santé publique s'est avéré le plus efficace dans l'UE, tandis qu'aux États-Unis et au Royaume-Uni, c'est la protection des autres ou de l'économie qui ont été les plus plus convaincantes. «Dans l'ensemble, les messages altruistes ont eu le plus grand effet», commentent les auteurs de l'étude. Vous savez ce qu'il vous reste à faire au prochain repas de famille...