Aux États-Unis, une loi de 1996 n'autorisait les financements fédéraux qu'aux cours d'éducation sexuelle promouvant l'abstinence. Ce qui a changé en 2010 avec deux nouvelles législations votées sous la présidence Obama. Depuis, les jeunes Américains se sont vus également proposer des programmes d'éducation à la responsabilité personnelle et de prévention des grossesses adolescentes, riches d'informations sur la sexualité, la reproduction et la contraception.
Révélée le 14 février, une vaste étude atteste sans ambiguïté de leur efficacité. Menée par Nicholas D. E. Mark et Lawrence L. Wu, sociologues à l'université de New York, elle est la première à établir un lien proprement causal entre ces cours –proposés à classes équivalentes à la troisième ou à la seconde françaises– et la diminution des grossesses adolescentes dans un échantillon nationalement représentatif. En l'espèce, et depuis 2010, les chercheurs estiment que ces formations se sont soldées par une baisse moyenne de 3% des grossesses adolescentes, dans un pays tristement célèbre pour en détenir le record des pays développés.
Une «quasi-expérience»
Si des études antérieures avaient déjà conclu que de tels programmes d'éducation sexuelle étaient bénéfiques pour réduire les taux de grossesses adolescentes, nombre d'entre elles ne fournissaient que des données corrélationnelles. L'étude de Mark et de Wu, qui sera formellement publiée dans les PNAS le 22 février, constitue pour sa part une «quasi-expérience» –un dispositif capable de mettre au jour une relation de cause à effet, mais sans en passer par l'échantillonnage aléatoire typique exigé par les recherches expérimentales en bonne et due forme.
Plus précisément, les scientifiques se sont penchés sur cinquante-cinq comtés américains ayant reçu des fonds pour des cours de prévention des grossesses adolescentes, puis ont analysé les certificats de naissance de ces régions, en se limitant aux bébés nés de mères âgées entre 14 et 19 ans et en les comparant à plus de 2.800 comtés n'ayant pas reçus de tels financements.
Il en ressort que, dès la première année, le taux de grossesse adolescente perd 1,5% dans la région concernée, pour atteindre 7% de diminution cinq ans plus tard.