La sexualité fait partie intégrante de nos vies. Elle permet certes la reproduction, mais agit aussi directement sur la santé, le bonheur, les fonctions cognitives de notre cerveau, bref sur la qualité de vie en général. Mais au cours de la dernière décennie, un certain nombre d'études ont révélé un déclin significatif de l'activité sexuelle dans le monde entier. Le dernier exemple est une étude axée sur les États-Unis montrant des baisses de 2009 à 2018 de toutes les formes d'activité sexuelle en couple et une baisse de la masturbation chez les adolescents. Elle porte sur des panels d'environ 4.000 individus, avec une quasi parité femmes-hommes.
Que se passe-t-il? Pourquoi l'activité sexuelle diminue-t-elle? Deux des auteurs de l'étude, Debby Herbenick et Tsung-chieh Fu, ont récemment partagé leurs hypothèses à Scientific American.
Le sexe, presque désuet pour les jeunes
Debby Herbenick et ses collègues ont étudié les raisons potentielles du manque d'intérêt des jeunes pour le sexe. La première serait en corrélation directe avec le temps passé sur les réseaux sociaux ou les jeux vidéo. Les participants reconnaissent que ces activités peuvent détourner grandement leur attention des activités sexuelles. Les chercheurs remarquent aussi que la consommation d'alcool chez les adolescents et chez les jeunes adultes a considérablement diminué au cours de la dernière décennie. «Auparavant, les jeunes passaient beaucoup de temps à socialiser dans les bars et les fêtes, où ils consommaient de grandes quantités d'alcool qui nuisaient à leur jugement et les laissaient plus disposés à avoir des rapports sexuels», argumente Debby Herbenick.
De plus, l'enquête révèle que la nouvelle génération accorde beaucoup d'importance au consentement sexuel, nettement plus que les précédentes. Cela rend sans aucun doute les jeunes gens plus prudents quant à l'approche de partenaires potentiels ou à la réalisation d'actes sexuels, de peur que ces comportements ne soient mal interprétés.
Dans son rapport, Debby Herbenick évoque aussi l'augmentation des «rapports sexuels brutaux» comme pouvant contribuer à cette baisse. La pornographie –facilement disponible sur internet– a joué un grand rôle, et les magazines féminins et la culture populaire (Cinquante Nuances de Grey, par exemple) ont également contribué à rendre tendance le sexe brutal. Hebernic et Fu ont déclaré que l'étouffement ou l'étranglement pendant les rapports sexuels «semble être un comportement majoritaire pour les étudiants âgé entre 18 et 29 ans».
Bien que dans de nombreux cas, il soit consensuel et apprécié, les chercheurs notent que le sexe agressif peut également être intimidant. «Nous ne savons pas dans quelle mesure cela peut pousser certaines personnes à se retirer de l'acte, mais nous savons que cela fait peur», a noté Fu. «Elles pourraient consentir au sexe, mais quelque chose comme l'étouffement pourrait se produire sans qu'on leur demande auparavant.» Cette crainte n'est pas déraisonnable: en 2019, l'association anglaise We Can't Consent to This a noté qu'au cours de la dernière décennie, trente femmes et filles ont été tuées dans ce qui aurait été une activité sexuelle violente consensuelle au Royaume-Uni.
Depuis le début de la crise sanitaire, de plus en plus de personnes, tous âges confondus, ont été confrontées à l'anxiété et à la dépression. Des facteurs qui influencent la libido. «Pour ceux qui vivent avec leur partenaire, le fait de passer plus de temps ensemble à la maison n'entraîne pas nécessairement des rapports sexuels plus nombreux ni plus satisfaisants ou agréables», soutient Tsung-chieh Fu. La mise en quarantaine, la distanciation physique, les difficultés financières, le travail à domicile, la garde des enfants ont été autant de facteurs pouvant entraîner des tensions dans la relation. L'étude menée par Debby Herbenick et Tsung-chieh Fu ne donne en revanche aucune solution. À vous de retrouver –si vous l'avez perdue et si vous en avez envie– la libido.