C'est la 273e newsletter, pour un total de 388 articles.
Cela fait treize ans que j'écris pour Slate.
Que j'essaie d'aborder l'actualité avec une analyse féministe.
Ceci étant, j'aurais pu m'arrêter le 26 mars 2013, jour où un ami m'a dit que je venais d'atteindre le climax de ma carrière avec cet article: «Victor Newman, le pénis qui valait trois milliards».
Ensemble, on a parlé de Yule.
On a discuté d'écologie et de mon lombricomposteur dans un texte d'une actualité déprimante.
Quand j'interviens dans des lycées pour expliquer mon travail de journaliste, je pars souvent de ce texte sur les violences sexuelles.
J'ai également voulu mettre en lumière les femmes que leurs compagnons ou ex tuaient.
On a parlé des noms de famille des femmes mariées, justement.
On a fait des bingos de Noël.
Je me suis dévouée pour aller passer les tests de l'Église de scientologie.
Et j'ai mené une enquête de fond sur les poèmes affichés dans le métro parisien.
Je vous ai parlé de ma passion pour la généalogie.
Et puis de cette géniale histoire de la traduction maudite de David Foster Wallace.
Et en parlant littérature, souvenez-vous du livre qui a changé le monde.
Et de Houellebecq.
J'ai rerevu l'intégrale de Buffy contre les vampires.
J'avais moi-même oublié que j'avais écrit ça:
Avec le temps, j'ai donné plus de place aux sujets autour de la parentalité, par exemple apprendre à dire oui aux enfants (et n'oubliez pas: ils ne rangeront peut-être jamais leurs chaussettes).
Et puis, comme souvent dans la vie, il y a eu de la fatigue et un déjeuner-bilan-nouvelle année avec un ami. C'est notre tradition. Au fil des années, on a énoncé un paquet de résolutions (pas peu fière d'avoir vraiment réussi à arrêter de fumer). Au détour de la discussion, je lui ai dit mon immense fatigue et ma lassitude. Et mon envie d'autre chose.
Et l'évidence s'est imposée: c'est le moment de faire une grosse pause.
Point anecdote: c'est l'ami qui m'a fait entrer à Slate. Comme quoi, la boucle est bouclée.
Ironie du sort: le jour où cela se décide, on apprend que l'enquête pour viol contre Gérald Darmanin va vers un non-lieu.
Ça laisse un goût un peu amer.
Et en même temps, mardi, on a pu entendre Patrice Evra parler agressions sexuelles et masculinité toxique. Tout n'est pas perdu.
Merci à toutes les personnes qui m'ont écrit au fil des années. Même si je n'ai pas souvent le temps de répondre à vos messages, sachez que je les lis et qu'ils me touchent.
Merci à Charlotte Pudlowski qui a eu l'idée de me confier cette newsletter.
Merci à Jean-Marie Colombani pour ses encouragements quand je débutais.
J'ai cherché la photo de moi la plus proche de la date de mon premier article pour Slate, et il semblerait que ce soit celle-là. Ça ne nous rajeunit pas.
Ce texte est paru dans la newsletter hebdomadaire de Titiou Lecoq.