«Et le chevalier arriva sur son noble destrier», voilà ce que les histoires racontent depuis toujours. On imagine alors qu'il chevauche un cheval de guerre robuste et de haute stature. Mais une équipe d'archéologues et d'historiens vient de bousculer ces représentations: selon leur étude conduite à partir d'ossements d'environ 2.000 chevaux datant du IVe au XVIIe siècle, il s'avère que la plupart des destriers n'étaient rien d'autre que l'équivalent de nos poneys actuels.
Afin de déterminer la taille des chevaux à cette époque, les spécialistes se sont appuyés sur des documents historiques, des histoires fictives de chevalerie et des ossements issus d'un cimetière de chevaux datant de l'ère médiévale, ainsi que sur d'autres sites archéologiques d'Angleterre. «Les choses ne sont pas tout à fait telles qu'elles ont été habituellement décrites», commente Alan Outram, professeur au département d'archéologie de l'université d'Exeter en Angleterre. Il explique que dans la culture populaire, les montures sont «souvent dépeintes comme ayant la taille d'un cheval de trait», mais qu'en réalité, «la plupart des chevaux médiévaux [étaient] étonnamment petits».
Plus petit mais plus pratique
L'étude menée par les historiens et archéologues a permis d'établir un ordre de grandeur des montures de l'époque. Les chevaux mesuraient environ 1,4 mètre, soit la hauteur maximale d'un poney moderne. Le plus gros animal trouvé était un cheval de la période normande (1066-1154), qui mesurait un peu plus de 1,5 mètre.
Selon Alan Outram, chevaucher un cheval de grande taille n'était pas très adapté aux combats médiévaux. Les armées auraient donc opté pour des montures plus petites et plus légères, afin de faciliter certaines manœuvres, comme harceler un ennemi battant en retraite, effectuer des raids de longue distance ou encore transporter du matériel.
Les éleveurs de chevaux consacraient en revanche beaucoup de temps, d'efforts et d'argent à leur tâche. «En particulier durant le XIIIe et le XIVesiècle, le haras royal était un incroyable réseau», explique Alan Outram.
Les spécialistes ne peuvent pas affirmer que tous les chevaux de guerre étaient de petite taille; d'autres études devront encore être conduites. Les prochaines étapes consistent à analyser des découvertes sur un site à Westminster, mener une étude plus approfondie de l'armure des chevaux et examiner l'ADN des os pour en savoir encore plus sur cet animal emblématique de l'histoire.