Le cancer est une plaie, autant pour les humains que pour les animaux. Une étude sur le risque de développer la maladie chez les mammifères, conduite par des scientifiques français, hongrois, américains et danois, met en lien ce risque avec le régime alimentaire: les mammifères carnivores sont les plus exposés.
Pour mener à bien cette étude, l'équipe de scientifiques a examiné 110.148 animaux de 191 espèces différentes depuis 2010. Tous sont décédés dans des zoos et leurs données ont été récoltées par l'organisation internationale à but non lucratif, Species360, qui collecte et rassemble ces informations à travers le monde.
Orsolya Vincze, chercheuse au Centre de recherche écologique en Hongrie et auteure de l'article, précise que l'enquête s'est portée sur les animaux en captivité dans les zoos parce qu'il est difficile de collecter ce type d'informations sur les espèces à l'état sauvage. En choisissant de procéder ainsi, les scientifiques savaient quand les animaux étaient décédés et quelles étaient les causes de la mort.
Le facteur aggravant du régime alimentaire
À l'exception des blackbuck (une sorte d'antilope) et des maras de Patagonie (un type de rongeur), tous les mammifères étudiés présentaient un risque de cancer. Les résultats indiquent que les carnivores sont particulièrement plus sensibles à la maladie. Plus d'un quart des léopards nébuleux, des renards à oreille de chauve-souris et des loups roux sont morts d'un cancer.
Les carnivores ont un microbiome différent des autres types d'animaux: il possède moins de micro-organismes ce qui s'avère être un problème puisqu'une grande diversité de micro-organismes peut aider à limiter le cancer. Le régime alimentaire serait ainsi un facteur majeur du risque de cancer. «Nous montrons que la distribution phylogénétique de la mortalité par cancer est associée au régime alimentaire, les mammifères carnivores (en particulier ceux qui consomment des mammifères) faisant face à la mortalité liée au cancer la plus élevée», écrivent les scientifiques. La viande crue qu'ils consomment peut être par ailleurs porteuse de virus comme la leucémie bovine. Toutefois, Orsolya Vincze précise que davantage de recherches doivent être conduites sur le sujet.
Les résultats de l'étude indiquent également qu'une certaine résistance au cancer s'est développée chez les animaux les plus grands. Ce phénomène est appelé paradoxe de Peto. Selon Orsolya Vincze, les espèces ont développé des moyens de lutter contre le cancer dans leur passé génétique. L'équipe souhaite se concentrer sur les mécanismes à l'origine de cette défense génétique afin de développer des moyens pour lutter contre la maladie chez les humains et les animaux.