En politique, dans les entreprises ou dans les universités, les hommes détiennent majoritairement le pouvoir. Cette prépondérance a longtemps été justifiée par l'idée de mérite. Havelock Ellis, sexologue britannique du XIXe siècle, avait émis une théorie à ce sujet. Il déclarait à l'époque que le cerveau masculin, plus gros, recelait un plus grand potentiel de prouesses cognitives. Au fil des décennies, l'idée d'une «superdiversité» parmi les cerveaux masculins a été utilisée pour justifier la capacité des hommes à être compétents dans différents domaines. Mais une méta-analyse de plusieurs études vient battre en brèche ces théories.
«D'après nos données, si nous supposons que les humains sont comme les autres animaux, il y a autant de chances d'avoir un nombre similaire de femmes performantes qu'il y a d'hommes performants dans ce monde», explique la biologiste et chercheuse principale de ce travail, Lauren Harrison, également professeure à l'Université nationale australienne (ANU). Dans le même sens, il y aurait autant d'hommes que de femmes peu performants, ajoute-t-elle.
Plus de 200 espèces étudiées
L'équipe de recherche a voulu déterminer si la diversité anatomique offrait un plus grand éventail de comportements. Dans sa méta-analyse, elle a cherché à savoir si les équivalents de nos propres traits de personnalité variaient dans une large mesure au sein de l'un ou l'autre des sexes, chez 220 espèces du monde animal. Résultat: aucune preuve convaincante ne permet de démontrer une plus grande richesse de variabilité dans les traits de personnalité des mâles ou des femelles de l'une des espèces étudiées.
Les scientifiques précisent que cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas de différences: le système immunitaire ou encore la morphologie peuvent varier selon le sexe. Mais pour ce qui est du cerveau, ceux des femmes offrent autant d'opportunités pour le génie que ceux des hommes.
«Nos recherches sur plus de 200 espèces animales montrent que la variation du comportement des hommes et des femmes est très similaire. Par conséquent, il n'y a aucune raison d'invoquer cet argument basé sur la biologie pour expliquer pourquoi plus d'hommes que de femmes sont lauréats du prix Nobel», commente le biologiste évolutionniste Michael Jennions.
Néanmoins, il existe bel et bien un plafond de verre robuste. Les scientifiques affirment que ce n'est pas du côté de la biologie qu'il faut se tourner pour l'expliquer, mais plutôt vers les structures sociales, l'éducation et la culture qui poussent les hommes et les femmes vers des voies différentes.