On commence à le savoir: la transmission du SARS-CoV-2, le virus du Covid-19, se fait essentiellement par aérosols, c'est-à-dire par de fines particules exhalées par les personnes infectées et se retrouvant en suspension dans l'air.
On sait aussi désormais que près de la moitié des infections sont asymptomatiques, ce qui fait qu'à vue d'œil et contrairement à d'autres pestes du passé –par exemple, la bubonique– une bonne partie des «malades» n'ont absolument pas l'air ni même conscience de l'être et peuvent donc continuer leur petite vie sociale comme bon leur semble et contaminer à loisir leurs congénères.
Mettez-vous une seconde dans la peau d'un virus, c'est tout bénéf. Il en va d'ailleurs là du génie des pathogènes avec lesquels nous luttons (et évoluons) depuis l'aube de l'humanité, au sens strict.
Là où la vie moderne a un peu changé (et accéléré) les choses, c'est notamment en augmentant les lieux de brassage. Ce que sont, par exemple, les transports en commun désormais cruciaux pour la bonne marche de nos sociétés. Et pour ne rien arranger à l'affaire, la transmission asymptomatique, processus complexe à la base, est des plus difficiles à analyser, que ce soit de manière théorique ou empirique.
Le système de ventilation compte
Dans une étude publiée le 22 décembre dans la revue Physics of Fluids, éditée par l'institut américain de physique (AIP), des chercheurs d'IBM Research Europe ont voulu relever le défi en concevant un modèle présentant, selon eux, un niveau de précision inédit et se focalisant sur les conditions les plus caractéristiques de la transmission asymptomatique. Leur modèle multiphysique fait donc intervenir la dynamique de l'air et des gouttelettes, le transfert de chaleur, l'évaporation, l'humidité et les effets des systèmes de ventilation.
En l'espèce, les chercheurs ont analysé ce qui se passe lorsque des gouttelettes sont exhalées par une rangée de passagers assis dans un espace ventilé où, comme dans un TGV par exemple, l'air est injecté par le haut et extrait par le bas par les bouches d'aération situées près des fenêtres. Cela génère une recirculation interne, améliore le confort thermique et élimine les pathogènes, mais avec un risque de contamination différent selon la place que vous occupez –près de la fenêtre, au milieu, ou sur le couloir.
L'équipe a ainsi constaté que les gouttelettes provenant du siège côté fenêtre s'en allaient davantage vers le haut de l'habitacle et envahissaient moins l'espace des autres passagers, réduisant dès lors leur risque d'infection. Par contre, ce risque semble plus élevé si vous êtes sur la place couloir et que le passager du milieu est malade: les gouttelettes qu'il exhale ont en effet tendance à se diriger tout droit vers vos voies aériennes. Le couloir est la meilleure place si vous êtes malade car, là, vos gouttelettes infectées sont immédiatement chassées vers le bas par le système de ventilation.
À noter que le modèle des chercheurs d'IBM Research Europe reste une vue de laboratoire et pourrait ne pas reproduire à l'identique ce qui se passe dans un train ou un métro de la vraie vie –lacune qu'ils ont évidemment pour projet de pallier dans leurs futurs travaux.