La compagnie Yachts de Paris vient de relancer des soirées maritimes sur le Don Juan II, un bateau confortable, deux heures de navigation sur le fleuve, de la tour Eiffel à la Conciergerie puis retour, pour une trentaine de croisiéristes emballés par la traversée de la capitale aux monuments illuminés: un spectacle fascinant de beautés et de surprises.
Le yacht Don Juan II. | Marie-Line Sina
Le Don Juan II est un navire historique du siècle dernier pourvu d'un décor Art Déco et de bois exotiques. Il incarne à la perfection l'esprit contemporain, le raffinement des intérieurs qui définissent son esthétique actuelle.
La croisière gastronomique de l'hiver à bord du Don Juan II fait découvrir à ses passagers les émotions uniques que fait vivre le Paris nocturne le long du fleuve.
À peine avez-vous embarqué du port Debilly (XVIe arrondissement), au pied de la Dame de fer, que vous êtes placé à des tables rondes aux baies panoramiques (tout est spectacle ici). Le beau dîner est mitonné par Frédéric Anton, le grand chef triple étoilé du Pré Catelan également chargé du superbe restaurant de la tour Eiffel, le Jules Verne.
Le restaurant du Don Juan II. | Marie-Line Sina
C'est le maestro MOF le plus occupé de Paris. Il a été formé par Joël Robuchon pendant sept ans et n'est jamais absent pour le délicieux dîner du Don Juan II. Il voit tous les voyageurs. Frédéric Anton est seul maître à bord avec le commandant.
«Mon ambition est de faire du Don Juan II une adresse gastronomique de référence, livre-t-il. C'est un restaurant qui a le plus beau décor du monde puisqu'il permet en plus d'admirer Paris par sa plus belle avenue, la Seine. L'assiette doit être à la hauteur du cadre. C'est aussi une expérience intimiste: le Don Juan II n'accueille que douze tables!»
De nuit, cette traversée de Paris sur la Seine est aussi captivante que de jour, sinon plus: c'est la Ville Lumière aux monuments célèbres qui se dévoilent tandis que le Don Juan II file dans la nuit à une vingtaine de nœuds.
Vue sur la tour Eiffel depuis une table du Don Juan II. | Marie-Line Sina
La Seine est un fleuve paisible, idéal pour ce style de navigation dédiée au plaisir des passagers d'un soir: 120 minutes de découvertes et d'éblouissement, du pont de l'Alma à la Conciergerie et retour ponctué par un délicieux dîner prolongé jusqu'à 22h30, un timing parfait.
Menu dégustation au dîner sur le Don Juan II
- Le crabe au parfum de curry, pomme granny et caviar
- La langoustine préparée en ravioli, crème de céleri, fine gelée à la feuille d'or
- Le chevreuil rôti à la truffe d'automne, sauce poivrade
- Le chocolat, soufflé chaud, crème glacée au grué de cacao
Ce menu du soir que l'on peut modifier est proposé à 220 euros, champagne Moët et Chandon à l'apéritif, Sancerre blanc 2018 à 22 euros le verre.
Le valeureux chef Frédéric Anton officie en cuisine aux côtés de Gabin, quatre ans aux côtés du chef du Pré Catelan et du Jules Verne à la tour Eiffel en plein boom: un adjoint de talent.
Frédéric Anton est un remarquable saucier, sa purée est divine et les desserts style Lenôtre sont le régal final du dîner –comme le sublime soufflé chaud au chocolat et la crème glacée en accompagnement. Le sommelier sert alors un vin de Banyuls pour un bon accord.
Oui, il faut s'offrir une fois (ou plus) dans sa vie cette échappée gourmande sur le fleuve de Paris. Idéal pour les dîners festifs de Noël ou du Jour de l'an. Le Michelin devrait citer le Don Juan II dans son guide annuel; après tout, c'est aussi un restaurant.
Vue sur le Musée d'Orsay depuis une table du Don Juan II. | Marie-Line Sina
Embarquement au port Debilly à partir de 19h45 et jusqu'à 20h15. Départ de la croisière à 20h30. Retour à quai à 22h30. Dîner-croisière du mardi au samedi inclus. Parking.
Réservation en ligne sur le site dédié, par téléphone au 01 83 77 44 40 ou par mail à [email protected]
Le Petit Villiers «Chez Fred»
Le XVIIe arrondissement est fécond en bonnes tables dont celle de Michel Rostang, chef de son deux étoiles rue Gustave Flaubert et le Bistrot d'à côté, bon rapport prix-plaisir hélas non mentionné dans aucun guide.
Au milieu de l'avenue de Villiers, Frédéric Maurel pilote une brasserie traditionnelle de cinquante places telle qu'on la rêve à Paris.
Le Petit Villiers Chez Fred. | Lucien Cassagnes
Tout est tentant dans la carte de vingt plats bien et rapidement envoyés au déjeuner très fréquenté: voilà une table gourmande qui ne trompe pas son monde.
La formule à 30 euros (et moins) a de quoi titiller le palais des mangeurs du quartier: le foie gras de canard mi-cuit (11,50 euros), la salade de gésiers de canard au vinaigre de Xérès (7,50 euros), l'os à moelle à la fleur de sel (9 euros), le saumon fumé Label Rouge d'Écosse (11,50 euros) et les filets de harengs Label Rouge pommes tièdes (8,50 euros) pour la mise en bouche bien choisie.
Au Petit Villiers Chez Fred, les filets de hareng. | Lucien Cassagnes
Après ces prémices attendues, les pièces de viande: la bavette d'Angus sauce échalote ou nature, frites maison (17,50 euros), le rognon de veau sauce moutarde, pommes sautées (18,50 euros), le magret de canard aux pêches, pommes sautées (19,50 euros) et, surtout, l'andouillette de Troyes AAAAA sauce moutarde ou nature, frites –le meilleur plat? (19,50 euros) Et un seul poisson, le dos de saumon sauce béarnaise ou à l'huile d'olive parfumée à l'origan, écrasé de pommes de terre (17,50 euros), et la suggestion du jour, découverte du moment (17,50 euros) selon le marché.
Au Petit Villiers Chez Fred, la bavette Black Angus. | Lucien Cassagnes
Tout cela honnêtement envoyé réjouit les fidèles du quartier qui sont présents dès 12h.
À côté du Bleu d'Auvergne, du brie de Meaux, du chèvre long véritable Saint-Maure, voici les desserts bienvenus: le fromage blanc au coulis de fruits rouges, la crème de marrons (rare), la succulente crème brûlée à la cassonade, la mousse au chocolat noir, le moelleux au chocolat, l'île flottante crème anglaise (très réussie), le baba au rhum ou le café au chocolat liégeois, coupe Petit Villiers. Les desserts et les fromages sont à 7,50 euros. C'est correct pour le quartier.
Au Petit Villiers Chez Fred, le choco liégeois. | Lucien Cassagnes
L'ensemble est copieux, varié, excitant pour les gourmets. Côtes du Rhône au verre (8 euros). Le midi en semaine, menu de 19,50 à 30 euros. Une affaire au déjeuner.
75, avenue de Villiers 75017 Paris. Tél.: 01 48 88 96 59. Carte de 35 à 50 euros. Pas de fermeture.
Penati al Baretto
Le Milanais Alberico Penati, qui fut un cuisinier italien vedette à Londres, a été étoilé dès son implantation à Paris, à deux pas des Champs-Élysées.
La façade du restaurant Penati al Baretto. | Agence Taste
Le Michelin avait bien vu que la cucina italiana de ce chef au répertoire très étendu était le roi de la pasta, des gnocchi au potiron, lard pancetta, sauge et parmesan (35 euros), des papardelle fraîches au ragoût de lièvre à la Toscane (38 euros) et du risotto à l'étuvée de salade de Trévise et vin Amarone (37 euros), le plat star de la carte actuelle qui change selon les saisons.
Au restaurant Penati al Baretto, le risotto. | Agence Taste
Le chef italien jamais absent ne cesse d'étendre son répertoire, ajoutant la salade d'artichauts crus, speck, pommes et noix (25 euros), le carpaccio de bœuf Scottona, champignons, roquette et parmesan (37 euros), les langoustines saisies, lentilles d'Ombria, ricotta et condiments tartare (37 euros), ou les filets de sole poêlés, artichauts, courgettes et olives (52 euros). Des assiettes créatives d'une profonde saveur: Penati est le prince des goûts vrais, jamais d'esbroufe.
Au restaurant Penati al Baretto, la pizzetta. | Agence Taste
Mais c'est au chapitre des viandes et des poissons comme le contrefilet de veau Gonzaga aux champignons, raisins et châtaignes, l'émincé de foie de veau et oignons classique à la vénitienne, la grande friture mixte de gambas, langoustines, calamars et courgettes, le poulpe à la plancha, caponata de légumes et sauce au vert classique qu'il maîtrise son talent, sa main et le respect des produits.
Au restaurant Penati al Baretto, le cru de sériole. | Agence Taste
Tagliatelles vertes, linguine di Gragnano (le village de production) aux langoustines, les spaghetti aux sardines comme en Sicile (37 euros) et les penne Gentile sauce tomates, anchois, olives et ricotta (35 euros). Oui, Penati dépasse tous ses confrères de la Botte à Paris. Le Michelin l'avait étoilé trois mois après son installation, bien vu.
Au restaurant Penati al Baretto, les spaghetti Kamut. | Agence Taste
Hélas, c'est à l'heure où ce chef de grand talent a renouvelé sa carte qu'il est rétrogradé par le Michelin: une décision incompréhensible et d'une injustice flagrante.
Au restaurant Penati al Baretto, les ravioli Casoncelli. | Agence Taste
La carte des spécialités aux truffes noires (sept plats) est éblouissante d'innovation: les ravioli de crabe au ragoût de langoustines (52 euros), les cannelloni farcis à la viande, fondue de fromage, girolles (45 euros) sont des plats superbes de créativité bien pensée. Et que dire du tiramisu d'anthologie au parfum ensorcelant? Un régal (18 euros).
Au restaurant Penati al Baretto, la truffe. | Agence Taste
Choix de vins italiens au verre proposés par un sommelier connaisseur et chaleureux. Tout cela vaut l'étoile.
La salle du restaurant Penati al Baretto. | Agence Taste
9, rue Balzac 75008 Paris. Tél.: 01 42 99 80 00. Carte de 80 à 120 euros. Fermé samedi midi et dimanche. Voiturier.