C'est une première en Inde, un pays dans lequel il ne fait pas toujours bon être une femme. Il y a désormais plus de femmes que d'hommes au sein de la population. Une enquête conduite par le gouvernement indique également que le pays ne connaît plus de boom démographique.
Ces résultats, qui reflètent des changements sociétaux importants, sont le fruit de la cinquième enquête nationale sur la famille et la santé en Inde, conduite auprès de 650.000 ménages. Elle a été menée entre 2019 et 2021 et révèle qu'aujourd'hui, on compte 1.020 femmes pour 1.000 hommes au sein de la population. En 1990, le ratio était de 927 femmes pour 1.000 hommes.
Par ailleurs, il en ressort que le taux de reproduction est tombé à une moyenne de 2 enfants par femme. En zone urbaine, il est encore plus bas et se stabilise à 1,6. Ces données constituent une véritable évolution depuis les années 1950, époque où les femmes avaient en moyenne 6 enfants.
La fin des «femmes manquantes»?
Pendant des siècles, l'Inde a été considérée comme un pays avec des «femmes manquantes», en référence aux millions de filles tuées avant ou juste après la naissance en raison d'une stigmatisation sociétale. En 1990, l'économiste indien Amartya Sen, lauréat du prix Nobel, écrivait sur les 37 millions de femmes ainsi disparues.
Mais le basculement vers une population à prédominance féminine indique que le pays abandonne doucement ces fœticides féminins. Pour Poonam Muttreja, directrice de la Population Foundation of India, «il est encourageant de voir les améliorations du ratio sexuel global. Il reflète les progrès que le pays a accomplis vers l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes».
Néanmoins, le ratio hommes-femmes à la naissance reste toujours à 929 femmes pour 1.000 hommes. Ces données mises en exergue par l'enquête prouvent que l'Inde n'a pas totalement éliminé les fœticides féminins.