L'industrie de la viande est une source de pollution, c'est déjà bien connu. Ce qui l'est moins en revanche, c'est l'impact des selles des mangeurs de viande sur les cours d'eau.
Une nouvelle étude conduite par Cascade Tuholske, chercheur affilié à la Columbia Climate School à New York, et des collègues de l'Université de Californie à Santa Barbara, fait la lumière sur le sujet. En cartographiant le déversement des eaux usées et en analysant l'impact des déjections humaines dans celles-ci, l'équipe scientifique a pu affirmer que les consommateurs de viande participent à la destruction des écosystèmes marins.
L'étude révèle que plus une personne mange de la viande, plus il y a d'azote dans ses déjections, issu des acides aminés contenus dans les protéines animales. Lorsque l'individu se rend aux toilettes, l'azote se retrouve dans les eaux usées, ce qui constitue le premier maillon de la chaîne polluante.
Le second problème provient de la capacité (ou non) des pays à assainir leurs eaux usées avant de les relâcher dans la nature. Les chercheurs montrent que plus de deux milliards de personnes dans le monde vivent sans dispositif d'assainissement. Et même certains pays riches, comme les États-Unis, déversent la plupart de leurs eaux usées directement dans les rivières et les océans, libérant ainsi l'azote des selles humaines.
L'Asie, gros consommateur de viande, gros pollueur
L'agriculture a souvent été désignée comme forte pourvoyeuse d'azote dans les cours d'eau. Mais l'étude menée par Cascade Tuholske révèle que près de la moitié de l'azote «provient des eaux usées, par rapport au ruissellement agricole dans le monde». Sur les 130.000 bassins-versants étudiés, l'équipe estime que 25 «contribuent à environ 46% des apports mondiaux d'azote dans les océans via les eaux usées».
Les bassins-versants les plus inquiétants se trouvent en Corée, en Inde et en Chine, indique l'étude. En Asie, la croissance et le développement ont entraîné une hausse de la consommation de viande, et donc de la quantité d'azote relâché par les selles humaines.
Le fleuve Yangzi, en Chine, contient à lui seul 11% du total d'azote des eaux usées dans le monde. Cette pollution liée aux déjections humaines menace les herbiers marins, les coraux et certaines espèces animales comme les tortues, les hippocampes et les lamantins.
Les perspectives agricoles de l'OCDE-FAO prévoient une augmentation de 0,24% de la consommation de viande chaque année dans les pays développés.