C'est tout simplement la vidéo la plus vue de l'histoire de Youtube. Le clip de Baby Shark, comptine répétitive en diable, a été visionné plus de 9,5 milliards de fois au 5 novembre 2021. La chanson aux paroles simplissimes («Baby shark, doo doo doo doo doo doo») est de celles qui, une fois entrées dans la tête, ne peuvent plus en sortir. Pour le plus grand bonheur des jeunes enfants et au grand dam de leurs parents.
Figurant également parmi les trois vidéos les plus détestées de Youtube, Baby Shark a souvent été décrite comme un véritable instrument de torture. On ne croyait pas si bien dire: trois anciens détenus du centre de détention du comté d'Oklahoma ont en effet déposé une plainte contre l'ancienne administration de la prison car on leur aurait diffusé la chanson en boucle pour les faire craquer.
«Cruel et inhumain»
Les trois hommes réclament 75.000 dollars de dommages et intérêts selon Insider, qui relaie leur témoignage: en 2019, ils auraient été menottés, puis forcés à rester debout contre un mur derrière lequel Baby Shark était diffusée en boucle et à fort volume.
Dans le dossier, le psychologue clinicien John Mayer intervient pour affirmer que des chansons comme celle-ci pouvaient «susciter des réactions de douleur dans le cerveau» en raison de leur «tonalité aiguë» et de leurs sons «stridents». La partie civile évoque un traitement «cruel et inhumain» qui a placé les détenus dans un fort état de «stress émotionnel». Il est également rappelé que de telles méthodes avaient déjà été utilisés à Auschwitz comme à Guantanamo.
Les deux gardiens accusés ont démissionné suite à une enquête interne. Quant à leur superviseur, il a pris sa retraite depuis l'époque à laquelle les faits se seraient produits. Le procès aura lieu au mois de février 2022.