D'après les estimations de la WWF, environ 20.000 éléphants sont tués chaque année pour leurs défenses. Malgré l'interdiction de son commerce, l'ivoire continue de se vendre au marché noir, particulièrement en Asie.
Non seulement le braconnage est une catastrophe pour ces espèces, qui s'approchent dangereusement de l'extinction, mais il influence aussi les animaux encore vivants. Une étude parue le 22 octobre 2021 dans Science affirme que le massacre des éléphants pour leurs défenses pousse les animaux à évoluer et à se débarrasser de leur ivoire.
Cela fait longtemps que les scientifiques observent que les éléphants des zones très touchées par le braconnage tendent à naître sans défenses. L'étude vient de montrer que cette évolution était génétique.
Modification du chromosome X
Les scientifiques de l'université de Princeton se sont intéressés aux éléphants du Mozambique. Lors de la guerre civile qui a ravagé le pays de 1976 à 1992, les deux factions opposées ont utilisé le commerce de l'ivoire pour se financer, faisant chuter la population d'éléphants du parc national de Gorongosa de 90%.
Entre 1970 et 2000, le nombre de femelles sans défenses a triplé, et les éléphanteaux femelles nées sans défenses le sont souvent de mères n'en ayant pas non plus. «Il y a de fortes preuves de mutation du chromosome X», explique Robert Pringle, l'un des auteurs.
L'un des gènes générateur de la perte des défenses se retrouve d'ailleurs chez l'humain, où il bloque le développement des incisives latérales maxillaires. Ces dents sont les mêmes qui ont évolué il y a des millions d'années chez les éléphants pour se transformer en défenses.
Si ne pas avoir de défenses peut être une question de survie, cela reste handicapant pour ces animaux, qui en ont besoin pour creuser, soulever et se défendre. Le problème de la modification du gène X est aussi qu'il semble empêcher les femelles de donner naissance à des mâles, ce qui pourrait sur le long terme faire baisser la population globale de l'espèce.