Où en est l'Iran depuis le vent de révolte de l'été dernier? YaleGlobal, le magazine de l'université américaine dédié à la mondialisation, publie le premier volet d'un diptyque destiné à analyser l'impact de l'influence étrangère en Iran (le second volet sera consacré à l'Italie). Les recherches de terrain à Téhéran, les rencontres avec la jeunesse - 2/3 de la population iranienne a moins de 30 ans - aboutissent à un récit très riche sur le branlant équilibre entre traditionalisme et globalisme qui se vit quotidiennement en Iran.
A Téhéran, la globalisation a pris ses quartiers. Dans les rues circulent écharpes Chanel, montres Cartier, jean Armani... la littérature occidentale et les films de Bollywood sont accessibles par la télévision satellite, les maisons et les bureaux sont équipés d'Internet. Le métal, le rap, le hip hop «font partie de la rébellion culturelle des jeunes Iraniens», les concerts de rocks sont toujours complets, même si les autorités les considèrent comme des évènement hostiles au régime et arrêtent souvent les chanteurs ou des spectateurs -comme on le voit dans Les Chats Persans, mi-fiction mi-documentaire sur le rock à Téhéran sorti en salles cette année.
«Mais ce désenchantement de la jeunesse prend aussi une tournure destructive à travers des consommations souvent excessives de drogue et d'alcool», précise Yale Global citant le rapport 2009 sur la drogue de l'ONU qui place l'Iran comme une des nations les plus affectées par le trafic de drogue.
Cette globalisation est devenue trop importante pour les chiites fondamentalistes au pouvoir. L'individualisme et la diversité représentent pour l'Etat théocratique des offenses à la religion et des encouragements aux menaces politiques de l'Ouest. D'autant que les Iraniens ne sont pas prêts à renoncer à cette liberté après y avoir goûté:
Les Iraniens sont prêts à risquer l'incarcération plutôt que d'abandonner leur mode de vie de plus en plus laïc.
Les fondamentalistes avaient toléré les produits étrangers «pour apaiser les envies matérielles des citoyens», ils s'étaient «résignés au sex, drug and rock'n'roll dans l'espoir que cela distrairait des interdictions de vote». Mais ce temps des concessions est révolu, estime Yale Global:
Aujourd'hui, ils sentent qu'ils sont en train de perdre la bataille. Leurs réponses sont d'autant plus radicales, les Ayatollah chiites exercent une vraie tyrannie. Mais malgré leurs efforts, une révolution sociale, globale et permissive est bien en marche en Iran.
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Photo Une : Iran: 5th Green Day - 3V/Hamed Saber via Flickr CC License by
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