Taille, couleur, forme... De nombreux stéréotypes persistent sur l'apparence du sexe féminin, et contribuent à complexer les femmes. Plusieurs mouvements, portés notamment par les nouvelles générations féministes, rejettent l'idée d'une «perfection génitale» et veulent mettre fin au sentiment de honte que peuvent ressentir certaines femmes quant à l'apparence de leur vulve. Leurs noms? «Labia liberation», «outtie vulva» ou encore «innie vulva».
Le «Labia liberation» rappelle que la différence fait partie de l'être humain et qu'il n'existe donc pas de parties génitales parfaites. Il s'inscrit dans la même lignée de pensées du Musée du vagin dont la fondatrice, Florence Schechter, souhaite combattre les injonctions tout en informant sur la santé mentale, le consentement ou les mutilations génitales. Avec «outtie vulva» et «innie vulva», le tabou des lèvres intérieures plus grandes que les lèvres extérieures est désormais brisé: les femmes ayant cette forme de vulve se qualifient d'outtie vulva, tandis que les autres se revendiquent innie vulva.
Au sein de cette tendance, une vidéo TikTok qui a fait grand bruit. Une jeune femme a détaillé les différentes formes de vulves qui existent après s'être qualifiée d'«outtie vulva». Des gynécologues aussi s'emparent des réseaux sociaux pour décliner le vaste éventail des possibles, comme Jennifer Gunter, autrice de la Bible du vagin.
Cet élan prend d'autant plus de sens après la polémique lancée par Maëva Ghennam, une candidate de télé-réalité qui a fait la promotion de sa chirurgie vulvaire sur les réseaux sociaux, se vantant d'avoir un vagin semblable à celui qu'elle avait à 12 ans. Largement critiquée, la jeune femme n'est pourtant pas la seule à avoir eu recourt à la chirurgie esthétique de la vulve.
La honte de ce que l'on ne voit pas
La labiaplastie –qui consiste en une réduction chirurgicale des petites lèvres vaginales– est en effet en forte hausse. La Société internationale de chirurgie plastique esthétique fait état d'une augmentation de 45% des interventions entre 2015 et 2016 dans le monde.
Petit à petit, une idée de la vulve lisse, douce, avec de petites lèvres internes recouvertes par les lèvres externes s'est imposée. Il s'agit là d'un non sens pour Zoe Williams, la porte-parole du Musée du vagin. «Beaucoup de femmes n'ont même jamais vu la leur, il est donc difficile d'avoir une idée de ce qui est normal», confie-t-elle.
Selon un sondage mené aux États-Unis, 48% des femmes s'inquiètent de l'apparence de leur vulve. Dans le détail, 64% sont préoccupées par sa taille, 60% par sa forme et 30% par sa couleur. À cela s'ajoute une confusion entre vulve et vagin, affirme Cabby Laffy, fondatrice et directrice du Center for Psychosexual Health à Londres, dans les colonnes du Guardian. D'après elle, il n'est pas expliqué aux jeunes filles que leurs parties génitales sont situées à l'intérieur du corps –et non pas à l'extérieur comme les hommes– ce qui entraîne une méconnaissance sur le sujet. Les féministes de la deuxième vague conseillaient à l'époque d'observer sa vulve à l'aide d'un miroir.