Mettre la mafia en vitrine? C'est fait. Dans la ville de Salemi, en Sicile, le critique d'art Vittorio Sgarbi a inauguré le premier musée italien sur la mafia, nous apprend le quotidien italien La Stampa.
Le logo est emblématique: une tache de sang de la forme de Sicile, signée par la star de la photographie Oliviero Toscani. Le principe est simple: le spectateur se promène dans dix cabines électorales des années 50, chemin de croix laïc d'une demi-heure, au rythme de trois minutes par cabine. Chacune d'entre elles révèle une facette de Cosa Nostra: des rapports avec la religion à la gestion de l'énergie et de l'eau. Et puis la prison, le rôle de la famille, la politique, l'information, la santé.
La cabine des «massacres» est inspirée de l'arrière boutique d'une boucherie, avec ses briques blanches tachées de sang, et ses crochets. Parce que les mafieux ont longtemps affiché leur attachement à la religion pour bénéficier du soutien populaire, la cabine de la religion, rouge pourpre, regorge de rosaires et de statues de saints. Celle sur le pouvoir, toute en or, a un trône où le spectateur peut s'asseoir et se regarder dans un miroir déformant, ou regarder défiler les visages d'hommes politiques corrompus, comme Vito Ciancimino, premier politicien italien à être condamné pour ses liens avec la mafia et incarcéré en 2001, un an avant sa mort. Et il y a aussi la cabine sur la gestion des ressources hydriques, où une sculpture reproduit, avec un réalisme choquant, un cadavre déshydraté. En référence aux disputes sur le contrôle de l'eau, à l'origine de guerres entre clans mafieux.
Enfin, dans la salle «Palerme bien heureuse», les photographies d'une Palerme en béton, sacrifiée pas les grues, contrastent avec les images de l'architecture fin de siècle et dénoncent l'emprise de la mafia sur la politique urbaine.
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Photo: Mafia, albertopveiga via Flickr CC License by