«Crise systémique», «guerre», «mobilisation absolument générale». Les chefs d'Etat de la zone euro et les responsables européens ont décidé de tout mettre en œuvre pour éviter une contagion mondiale de la crise grecque.
Réunis vendredi à Bruxelles, ils se sont mis d'accord sur les bases d'un fonds inédit d'assistance financière. Il s'agirait d'étendre aux pays membres de la zone euro le dispositif existant pour les autres Etats membres de l'Union. Pour financer l'aide, la Commission européenne contracterait un emprunt, garanti soit par le budget communautaire, soit par les Etas membres.
Avant de pouvoir mettre en place ce fonds, il faut obtenir l'accord des Vingt-Sept. Un conseil des ministres des Finances doit d'ailleurs se tenir dimanche 9 mai à Bruxelles.
Les pays membres de la zone euro ont montré là leur détermination à vouloir stabiliser la monnaie unique, une façon d'essayer de rassurer leurs partenaires internationaux, au premier rang desquels les Etats-Unis.
Dans le même temps, le président de l'Autorité des marchés financiers, le gendarme français de la Bourse, Jean-Pierre Jouyet, déclare dans les colonnes du Parisien: «Nous sommes en guerre contre les marchés.»
Les marchés sont par nature spéculatifs. (...) Je n'ai pas de jugement moral à apporter, car c'est normal que certains cherchent à se protéger contre les évolutions des marchés. En revanche, il est inadmissible et illégal de faire courir une rumeur fausse, de la propager pour tenter d'orienter les marchés et d'en tirer ensuite profit. C'est ce qu'on a constaté ces jours-ci et ces dernières semaines à l'encontre de l'Espagne ou du Portugal.
Il ne faut plus perdre de temps. Nous sommes entrés dans une nouvelle forme de guerre, inconnue jusqu'à présent, contre des marchés qui sont dotés de technologies sophistiquées, qui agissent sans contrôle et de façon très rapide. La moitié des transactions mondiales se passe sur des marchés opaques qui sont hors de toute surveillance. Or la crise actuelle montre qu'il ne s'agit pas seulement de sauvegarder la monnaie européenne et les intérêts de l'Europe, mais bien de protéger les populations européennes.
Le président de l'AMF annonce avoir demandé le concours de la police et des services de renseignements dans les enquêtes sur les rumeurs lancées sur la dette européenne et sur l'euro.
Pourtant, selon le blog d'éconoclaste, «la chasse aux spéculateurs» est «imbécile». A l'heure des restrictions budgétaires, les services de renseignements ont bien autre chose à faire.
Ce genre d'actions, de vocabulaire, traduit surtout l'ambiance de Fort Chabrol qui règne au niveau d'un pouvoir politique et administratif européen qui semble incapable de comprendre ce qui se passe.
Alexandre Delaigue explique par exemple qu'actuellement, «les spéculateurs aident la Grèce! qui l'eût cru?» parce qu'ils peuvent acheter de la dette grecque pour se protéger contre le risque de défaut en espérant réaliser un bénéfice.
[Lire l'interview de Jean-Pierre Jouyet sur leparisien.fr et le post d'Alexandre Delaigue sur éconoclaste]
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