Nicolas Sarkozy en avait fait une promesse de campagne, en 2007: l'assouplissement de la carte scolaire, soit la possibilité laissée aux familles de s'affranchir de la sectorisation, devait «être une mesure de justice sociale, permettant aux élèves boursiers brillants d'intégrer un bon établissement», comme le résume Maryline Baumard, dans son article du monde.fr à l'occasion d'un bilan très mitigé des trois ans de la mesure:
Trois années d'assouplissement de la carte scolaire et c'est tout le paysage éducatif qui a changé. Le paysage, et le rapport des parents à l'école.
Puisqu'aucun bilan officiel n'a mesuré l'impact de la mesure depuis son entrée en vigueur à la rentrée 2007, Le Monde doit s'appuyer, pour en arriver à cette conclusion, sur la seule enquête réalisée, celle du premier syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN), qui a recueilli des données auprès de 2.758 collèges et lycées.
Les conclusions ne sont ni catastrophiques, ni franchement joyeuses, d'après les explications de Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN:
Le système n'est pas à feu et à sang, puisque 60% des chefs d'établissement disent ne pas ressentir les effets de cette ouverture. En revanche, si l'on s'intéresse aux 20% qui vivent au quotidien les conséquences directes, le bilan est plus inquiétant.
Par ces «conséquences directes» il faut entendre, pour une frange de collèges -un quart des établissements de zone d'éducation prioritaire (ZEP)- une «ghettoïsation» croissante. Mais sont plus affectés encore les collèges moyens, qui connaissent un basculement «vers le camp des difficiles», comme l'explique le rapport:
Ces établissements un peu défavorisés sont 37% à enregistrer une "homogénéisation" de leur population. Peu à peu, ils sont fuis par les classes moyennes et colonisés par les élèves venus de collèges en voie de ghettoïsation.
Un mouvement qui, selon Le Monde, est d'autant plus dangereux que «l'avenir de la mixité sociale et scolaire se joue dans ces établissements "moyens mélangés"». Face à un tel bilan, quelle sortie possible? Aucune marche arrière de la part du gouvernement n'est envisagée. «La seule marge de progression serait que l'Etat joue son rôle de régulateur, en instaurant un correcteur national qui est notamment demandé par les chefs d'établissement», conclut Le Monde.
[ Lire l'article du Monde ]
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